Accessibles à tous, même aux analphabètes, WhatsApp, Facebook, Messenger, Twitter, YouTube, sont devenus les moyens d’information, mais également de désinformation les plus usités au Sénégal. Ces réseaux sociaux empêchent le pouvoir de dormir.
Le régime du président Macky Sall craint par dessus tous les réseaux sociaux, plus que l’opposition. Le chef de l’Etat, candidat à sa propre succession, redoute en effet l’influence de WhatsApp, Facebook, Messenger, Twitter, YouTube, etc, qui sont utilisés quotidiennement par des millions de Sénégalais. Ces médias accessibles à tous, même aux analphabètes, sont devenus les moyens d’information, mais également de désinformation les plus usités au Sénégal. Ce qui inquiète le pouvoir. Les opposants qui connaissent leur impact sur l’électorat les ont investis massivement. Ainsi, tous les candidats déclarés ont des comptes WhatsApp, Facebook, Messenger, Twitter. Et ils communiquent régulièrement avec les Sénégalais via ces réseaux sociaux. A tel point que le pouvoir les accuse régulièrement de n’exister que virtuellement, sur la toile et non sur le terrain politique.
Conscient de leur impact sur le choix des électeurs et du rôle qu’ils joueront lors de la présidentielle de février 2019, Macky Sall demande avec insistance aux jeunes de la coalition Benno de les investir pour contrer l’opposition. C’est ainsi qu’en août dernier, il exhortait les jeunes de la mouvance présidentielle d’être encore plus présents sur ces outils des nouvelles technologies de l’information et de la communication pour «défendre son bilan afin de préparer sa réélection». Dans une contribution parue, hier, dans WalfQuotidien, et intitulé: Contexte pré-électoral: Les «fakenews», ultime recours d’une opposition déboussolée, Ibrahima Sène, l’éminence grise du Pit, membre de la mouvance présidentielle, a bien compris l’enjeu des réseaux sociaux sur la prochaine présidentielle. «A quatre mois de la tenue de la présidentielle du 24 février 2019, notre pays est rentré dans une période de désinformation systématique, à la faveur de la prolifération des médias de communication de masse. (…) C’est ainsi que des leaders de l’opposition se sont emparés de ces outils modernes de communication de masse, pour s’adonner à la divulgation de ‘fakenews’ pour, à la fois, susciter artificiellement l’indignation des masses, et se présenter en ‘victimes’ d’un prétendu déni de liberté d’expression», écrit-il, «Notre pays vit ainsi, de la part de leaders politiques sans scrupule, ni une once de patriotisme, une saison de désinformation de masse qui est inédite dans toute son histoire électorale. (…) C’est sur ce fonds de commerce politicien, qu’une vaste campagne est en cours, pour accuser le gouvernement de projeter une confiscation du pouvoir, à l’issue d’une élection qui serait frauduleuse, afin de préparer l’opinion, dès maintenant, à des manifestations de masse post-électorales, en vue de prendre le pouvoir par la rue, après avoir échoué de le prendre par les urnes», poursuit Ibrahima Sène. Et il appelle Benno bokk yaakaar et son gouvernement à réduire à leur plus simple expression, les effets subversifs des «fakenews» sur les populations. Un appel qui est pris en compte depuis longtemps. En effet, le gouvernement a adopté en juin dernier, à quelques mois du scrutin présidentiel, un projet de loi en préparation depuis 2 ans, portant code des communications électroniques. Ce code en son l’article 27 donne l’autorisation aux régulateurs dont l’Artp et aux opérateurs le pouvoir, quand bon leur semble, de restreindre la connexion internet, surtout pour les réseaux sociaux. «L’élection présidentielle arrive et avec cet article, la possibilité est donnée aux autorités de bloquer tout simplement l’accès à internet au cas où les choses ne leur seraient pas favorables ou si elles se sentent menacées», a déploré Fatou Diagne Senghor, directrice régionale de Article 19. Charles Gaiky DIENE