Alpha Condé, président de la République de Guinée, est allergique aux marches de contestation. C’est le constat établi par Amnesty International qui dresse un bilan macabre de la répression des manifestants. Selon l’organisation de défense des droits humains qui lance une alerte, en moins d’un an, au moins 18 personnes ont été tuées dans des marches organisées par l’opposition.
La répression perpétrée sur des manifestants, en République de Guinée met mal à l’aise les défenseurs des droits humains. Il aura fallu que le nombre de victimes atteigne dix-huit morts, en moins d’une année, pour que ces derniers sortent de leur mutisme. Amnesty International, tirant la sonnette d’alarme, appelle les autorités publiques à veiller au respect strict des droits fondamentaux des individus. «Les autorités doivent prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger le droit de réunion pacifique et veiller à ce qu’aucune autre personne ne perde la vie à cause de la violence de tous les côtés, notamment des excès meurtriers des forces de sécurité», met en garde le bureau d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest basé à Dakar, dans un communiqué rendu public hier. Avant d’ajouter : «Depuis le début de l’année 2018, au moins 18 personnes sont mortes lors des manifestations de l’opposition en Guinée, dont trois au cours des deux dernières semaines, tuées par des tirs d’armes à feu semblant provenir des forces de sécurité les 16, 23 et 30 octobre dans la capitale, Conakry».
Selon cette organisation de défense des droits humains qui réclame des enquêtes sur les personnes soupçonnées de violences, «y compris celles occupant des fonctions de commandement», le pouvoir vacille entre interdiction de contestations et répression de manifestants. Des manifestations de l’opposition sont violemment réprimées par les forces de sécurité. «Depuis janvier 2018, ce scénario se répète et le nombre de personnes tuées lors de marches d’opposants augmente de façon vertigineuse», renseigne le communiqué. «Ces manifestations ont été marquées par une violence effroyable de tous les côtés, notamment un usage excessif de la force par les forces de sécurité», a dénoncé François Patuel, chercheur pour l’Afrique de l’Ouest à Amnesty International cité dans le communiqué revendiquant une «enquête approfondie, impartiale et efficace sur les allégations indiquant que le chef de l’opposition, Cellou Dalein Diallo a été pris pour cible parce qu’il a critiqué ouvertement le gouvernement».
Parce qu’elle déclare détenir des vidéos et des photos authentiques montrant «des membres des bérets rouges», une unité d’élite militaire, aux côtés de la police le 15 octobre. «Le déploiement d’une unité militaire connue pour avoir commis des violations des droits humains risque d’aggraver encore la situation», estime Amnesty qui se dit être en phase avec les partis de l’opposition qui promettent de continuer à organiser des manifestations. Du côté de l’opposition, le nombre de manifestants tués, depuis l’accession au pouvoir d’Alpha Condé en 2010, est estimé à 98 victimes.
Salif KA