Avec une fabuleuse enveloppe de 30 milliards de francs Cfa, la Délégation générale à l’entrepreneuriat rapide (Der) accélère la cadence des prêts aux jeunes et aux femmes.
Un rythme qui affole les compteurs et suscite des interrogations de banquiers sur le sérieux dans l’étude des dossiers, notamment les possibilités de remboursement des bénéficiaires. Cela, pour éviter que cette manne dégagée pour l’équipe de Pape Amadou Sarr ne finisse comme les fonds du fameux Compte K2, sous le régime socialiste.
C’est Noël avant l’heure. La Délégation générale à l’entrepreneuriat rapide (Der) sort de son chapeau 30 milliards de francs Cfa et le distribue à tout-va dans les régions du pays. Cela, pour tenter de doper l’emploi des jeunes et des femmes et lutter contre la pauvreté et le chômage, plus galopante que jamais.
Ce pactole permet à l’équipe de Pape Amadou Sarr de sillonner le pays pour faire renaître l’espoir chez les jeunes qui savent ce que signifie le mot «entreprendre». Une manne financière dénichée par Macky Sall malgré le contexte de tensions de trésorerie et qui sera plus tard sous le compte de la dette du pays, surtout que souvent les bénéficiaires ne remboursent presque jamais. En effet, rien que pour le week-end écoulé, la Der a débloqué plus d’un milliard de francs Cfa pour arroser la zone Nord du pays, à la suite de son premier Comité d’investissement délocalisé à Saint-Louis. Ainsi, des dossiers des volets autonomisation et hors autonomisation y ont été financés dans les départements de Dagana, Podor et Saint-Louis pour un montant total de 1 milliard 72 millions 379 mille 444 francs Cfa.
Après la cérémonie de remise des premiers financements au centre international de conférence Abdou Diouf, sous la présidence du chef de l’Etat, Macky Sall, l’équipe de Pape Amadou Sarr parcourt le pays pour promettre des financements aux jeunes et aux femmes qui perdent beaucoup de temps dans les banques et Sfd avant de voir la couleur de leur argent. Que ce soit à Touba, Yene, Diourbel, Sédhiou, Kolda, la Der y est allé à fond la caisse pour matérialiser ce vœu du système. Et surtout de prouver l’inutilité des structures d’accompagnement comme l’Adpme, le Fonsis, le Fongip ou encore le Bureau de mise à niveau, mises en place depuis belle lurette mais qui n’ont presque donné aucun résultat satisfaisant, malgré les ressources qui leurs sont affectées chaque année. Car, il ne se passe un jour sans que la Der, comme si elle avait des mallettes baladeuses, n’annonce avoir dégagée des centaines de millions francs Cfa pour telle ou telle autre région. Et la rapidité avec laquelle ce programme traite les dossiers, des experts en finances se demandent si des études sérieuses sur les projets ont été faites. Cela, pour éviter de faire rembourser aux générations futures des sommes indues.
De plus, à l’approche de la présidentielle de 2019, chaque ministre du gouvernement va saisir l’ex-employé de la Fondation Bill et Melinda Gates, Pape Sarr, pour demander son quota pour sa région ou pour les jeunes et femmes qui soutiennent ses actions dans son domaine d’activité. Ce qui risque de nous replonger dans les travers du compte K2 de l’ex-Bnds, comme nous l’a rappelé éloquemment Mody Niang dans une tribune consacré à l’homme politique Ousmane Sonko.
Si, avec ce que l’on voit se dérouler sous nos yeux, il y a vraiment des garanties de remboursement de ces fonds publics alloués avec rapidité par la Der en sortant le chéquier, le gouvernement devra tirer les oreilles aux banquiers qui rechignent à financer les Petites et moyennes entreprises dont 80 % meurent avant de célébrer leur premier anniversaire, faute de liquidités en fonds de roulement pour fonctionner au jour le jour. Car, rien ne justifierait ce resserrement du crédit envers cette catégorie d’entrepreneurs pour qui les banques fixent des taux qui frisent l’usure alors que la Der qui n’est pas une banque pratique des taux de 5 %. Et l’Etat doit, en complicité avec la Bceao, les contraindre à ouvrir les vannes du crédit.
Seyni DIOP