Il cherche à jouer avec les nerfs du président Macky SALL. Avec SONKO comme arme, Abdoulaye WADE est dans une stratégie visant à mettre la pression sur le chef de l’Etat pour le pousser à valider la candidature de Karim WADE.
En véritable bête politique, Abdoulaye Wade, même s’il n’est pas candidat, se positionne de plus en plus comme le maître du jeu pour la présidentielle de février 2019. Il veut être au centre du jeu de cette élection, et là il est en train de dérouler une stratégie. Il cherche à jouer avec les nerfs du président de la République. Mardi passé, lors de sa dernière conférence de presse, le leader du Pastef/Les Patriotes a révélé qu’il s’était entretenu longuement au téléphone avec Abdoulaye Wade. Une information qui n’a pas été démentie jusqu’à présent. Et en appelant au téléphone Ousmane Sonko et surtout en l’invitant à venir le rencontrer, bref en sympathisant avec celui qui a le vent en poupe, le secrétaire général national du Pds est dans une stratégie visant à mettre la pression sur le chef de l’Etat. Très futé, le Pape du Sopi utilise Ousmane Sonko comme un épouvantail pour tordre la main de son meilleur ennemi. Il veut mettre une pression maximale sur lui pour le pousser à valider la candidature de Karim Wade, le candidat déclaré du Pds, mais dont l’inscription sur les listes électorales a été annulée par les services du ministère de l’Intérieur. Ce qui est synonyme d’invalidation, à coup sûr, de sa candidature par le Conseil constitutionnel.
Car Macky Sall et Abdoulaye Wade savent tous les deux qu’un soutien du Pds, la deuxième formation politique et la première force de l’opposition à un Ousmane Sonko qui surfe sur la vague de la popularité peut changer radicalement les choses. Ils sont tous les deux conscients qu’avec l’appareil du Pds, le leader de Pastef peut aller au deuxième tour. Ce que craint par-dessus tout le président Macky Sall, car il risque de se retrouver dans la même situation inconfortable que son prédécesseur. En 2012, Abdoulaye Wade s’était retrouvé seul contre tous au second tour de la présidentielle. C’est pourquoi, candidat à sa propre succession, le président de la coalition Benno a besoin de disperser les forces de l’opposition. Et pour se faire rien qu’une validation de la candidature du candidat du Pds.
Car tout en affichant une proximité avec Ousmane Sonko qui se positionne de plus en plus comme le principal challenger du président Macky Sall, Abdoulaye Wade rêve toujours d’une candidature de son fils. Loin d’abdiquer, il continue de galvaniser ses troupes pour la collecte de signatures en vue de ce scrutin. Dans une circulaire, il les exhorte à rassembler le maximum de signatures pour contraindre le Conseil constitutionnel à valider la candidature de Karim Wade. D’ailleurs, le Pds a entamé depuis mardi, dans le cadre des opérations de collecte des parrainages pour l’élection présidentielle, une seconde tournée nationale. «J’ai constaté avec une très grande satisfaction que vous avez tous fait beaucoup d’efforts pour collecter le maximum de parrainages pour Karim Wade, notre candidat à l’élection présidentielle», écrit Abdoulaye Wade, demandant, par ailleurs, aux responsables libéraux de préparer les «grandes mobilisations à venir». De leur côté, les responsables libéraux qui s’attaquaient à Ousmane Sonko après ses propos polémiques sur le «devoir de fusiller» les anciens présidents ont rangé leurs armes.
Charles Gaïky DIENE