La société de chemin de fer Dakar-Bamako Ferroviaire est au bout de l’asphyxie si elle n’y est pas déjà en plein. C’est, du moins, le constat fait par l’intersyndicale des travailleurs du DBF qui en relation avec leurs collègues du Petit Train de Banlieue, PTB, faisait face hier à la presse.
Correspondance – Décrier et interpeller les autorités sur la situation catastrophique que traverse leur entreprise. C’est ce qu’ont fait, hier, les professionnels du rail. Un constat d’autant inquiétant, selon le coordonnateur de ladite intersyndicale, Mambaye Tounkara, que l’Etat insiste sur son choix de vouloir construire un nouveau chemin de fer sans l’implication des acteurs que sont les cheminots. Pour preuve, dit-il, après trois longues années de transition et plusieurs promesses de réhabilitation et de relance de l’activité ferroviaire, le Dakar-Bamako-Ferroviaire (Dbf) n’est même plus à la case départ mais à l’arrêt total. «Depuis huit mois, il n’y a aucun mouvement entre Bel-Air et Bamako. Il n’y a même pas de plan d’urgence pour, au moins, trouver une solution à la situation et ce, malgré le fait que, lors de sa dernière sortie, le président de la République avait soutenu que sa vision, c’est de réhabiliter le rail. Il est même allé jusqu’à dire qu’il va construire un nouveau chemin de fer», disent–ils. «Ces déclarations nous laissent penser qu’il veut faire du nouveau avec d’autres et nous ne pouvons rester continuellement dans cette situation pour percevoir des salaires sans rien faire. Même s’il est vrai que nous assurons la gestion du mouvement des trains sur la voie 2», ajoute Tounkara.
Pis, poursuit-il, l’Etat, comme pour confirmer qu’il ne compte plus sur les cheminots pour la définition de ses projets, prend des décisions unilatérales. «Après l’installation du Ter sur le patrimoine foncier du chemin de fer, on vient de nous annoncer l’installation, avant-hier à Bamako, d’un nouvel administrateur du nom de Kibily Touré avec comme mission la mise en place d’un nouveau schéma institutionnel». Pour dire, estime-il, une sorte d’éternel recommencement. Surtout que ce nouvel administrateur qu’ils n’ont pas rencontré, s’il leur propose une nouvelle feuille de route avec des promesses de solutions sur six mois, nul doute que c’est la fin du Dakar-Bamako-Ferroviaire. «Si l’existant ne compte plus dans l’avenir du chemin de fer, l’Etat n’a qu’à nous le dire, car nous n’accepterons plus d’être dirigés sans connaitre la trajectoire vers laquelle nous sommes conduits». Aussi et face à cette situation de désarroi total, Mambaye Tounkara et ses camarades disent n’entendre pas se laisser faire. «Dès la semaine prochaine, nous allons engager un second plan d’actions allant d’une assemblée générale à Thiès à un point de presse à Dakar qui n’exclut pas une grève générale illimitée. Car personne n’aurait jamais pensé que le chemin de fer, avec tout le rôle qu’il a joué sur les plans économique, social et historique, allait un jour arrêter ses activités».
Un plan d’actions qui s’impose d’autant que, poursuit-il, il y a deux jours, une correspondance de la tutelle leur est parvenue pour informer que, cette année, il n’y aura pas de train voyageurs pour le Magal de Touba. «Comment comprendre un Magal sans le chemin de fer. Un moyen de transport qui fait presque 40 000 voyageurs par Magal sans jamais enregistrer d’accident. Vouloir reverser tous ces pèlerins sur l’autoroute Ila Touba, c’est simplement illusoire.» A ce titre, Abdou Khadre Dieylani Diop secrétaire chargé de l’information du syndicat des travailleurs du Ptb de renchérir pour dire que la situation qui prévaut aujourd’hui au chemin de fer dépasse largement les compétences du ministre de tutelle et qu’en conséquence, il faut aller à l’échelon supérieur. «A défaut du président de la République, il faut demander l’arbitrage du Premier ministre. Car c’est une honte qu’à l’heure où on parle d’intégration sous régionale, le Dbf n’ait même pas une machine pour faire fonctionner des trains».
S’agissant de la décision relative à la non circulation de train voyageurs pour le Magal, le syndicaliste d’appeler le ministre Abdoulaye Daouda Diallo à revoir sa copie. Surtout que, précise-t-il, le Magal ce n’est pas une fête du Ptb ou du chemin de fer mais un évènement national voire international qui draine des milliers de pèlerins et un mois après c’est le Gamou. Pour dire, selon lui, l’impertinence de cette décision qui veut priver les pèlerins d’un moyen de transport à moindre coût avec toute la sécurité requise en matière de transport de masse.
Sidy DIENG