La politique d’endettement extérieur, menée par le régime actuel, risque de laisser peu de marge au gouvernement de la prochaine alternance, selon Abdoul MBAYE.
Pour le leader de l’Act qui s’exprimait, hier, en marge du 1er congrès de son parti, l’absence de croissance suffisante a limité celle des recettes publiques. «Ce régime a donné la priorité au remboursement de la dette extérieure. Cette attitude a eu pour conséquence l’augmentation de la dette intérieure. Les difficultés vécues par les entreprises nationales qui portent trop longtemps des créances au titre de la commande publique ont eu des incidences sur l’activité économique du Sénégal et subséquemment un resserrement des recettes budgétaires», martèle-t-il.
L’ancien Premier ministre soutient que le Sénégal n’est pas encore entré dans ce processus vertueux de son économie qui seul peut être à l’origine de son réel développement économique et social. Il affirme que l’outil industriel de notre pays, qui fut leader au niveau de l’Afrique de l’Ouest au moment des indépendances, a reculé au fil des années, et a même parfois été détruit. Et que quatre années de mise en œuvre du Plan Sénégal émergent (PSE) n’ont rien changé à ce grave échec.
En outre M. Mbaye estime que la mauvaise gouvernance a régulièrement, et dans la durée, affaibli les capacités à gérer des organisations et services d’une certaine taille. «Le Sénégal est devenu un pays où on ne peut prétendre à des fonctions de direction (administration, parapublic) si vous n’avez pas la carte du parti au pouvoir et si vous ne faites pas de bons résultats aux élections ; ce qui leur est toujours rappelé par le chef de l’État à la veille des scrutins», assène-t-il.
Poursuivant ses diatribes contre le régime en place, il souligne que la persistance de la faim et de l’insécurité alimentaire dans notre pays, qui pourtant prétend à l’émergence, est inacceptable, intolérable. Ne s’arrêtant pas en si bon chemin, il note que le sous-développement relatif du Sénégal s’est aggravé gonflant les besoins de progrès dans une mondialisation vécue, et créant un besoin d’accélération de croissance. «Sans risque de caricature, deux constats s’imposent : ou l’État ne peut plus ; ou l’État ne peut plus tout seul», déduit-il. Avant d’ajouter : «L’artisanat n’est pas soutenu. Les gouvernants ont par contre fait le choix et l’erreur de s’enfermer dans une logique de grands projets satisfaisant leurs égos et propices à favoriser la corruption».
Samba BARRY