Dubaï ne veut plus être une planque. L’émirat a décidé de livrer les clés de ses coffres aux institutions financières internationales qui veulent en savoir plus sur les détenteurs de comptes dans ce paradis.
Le Sheikh Maktoum, à la demande pressante des pays occidentaux, lance une croisade moralisatrice de sa place financière pour débusquer les personnes politiques exposées et autres fraudeurs fiscaux qui y planquent leur butin. Avec cette nouvelle donne, certains ont du souci à se faire sous nos cieux.
Grosse panique pour les détenteurs de comptes bancaires aux Emirats arabes unis. Les délinquants financiers et autres fraudeurs vont, en effet, trembler de peur : leur paradis, Dubaï, va se transformer en enfer. En effet, bientôt, leurs magots ne seront plus à l’abri des regards européens, asiatiques et américains. C’est ainsi que vient d’en décider le Sheikh Maktoum qui veut serrer les vis sur la fraude en répondant favorablement aux injonctions de l’Organisation de coopération et de développement économiques (Ocde) dans la lutte implacable contre les dérives de la finance occulte, selon le médias américain Le Financial Times.
Ne voulant plus se montrer très accueillant pour les tricheurs, il a décidé de faire sauter le secret bancaire et donne ainsi aux Occidentaux la possibilité de traquer les fortunes sous les cocotiers du désert dubaoïte. Cela, pour faire de son émirat de la démesure qui protégeait jusqu’ici le secret bancaire, un modèle de vertu. N’importe qui pourrait désormais être contrôlé. Et cela devrait faire trembler plus dans le système sénégalais et chez nos voisins du Mali et de la République de Guinée, notamment.
Avec cette collaboration de l’émirat, tous les Sénégalais détenteurs de comptes dans ce paradis et les milliardaires baladeurs, verront leurs informations financières à portée de la National Reserv américaine, des banquiers suisses, de la Banque centrale de Tokyo, de l’Union européenne ou encore de toutes les institutions financières internationales comme le Fonds monétaire international (Fmi) et la Banque mondiale. Ainsi, les petits riches, Sénégalais notamment, qui y planquaient leurs butins vont perdre leurs assurances tous risques, frémir de terreur et sont obligés aller chercher ailleurs. Car, le chevalier blanc du nouveau capitalisme financier saura désormais retrouver tous les délinquants en col blanc, personnes politiques exposées, pour les pourfendre et les empêcher de circuler librement à travers le monde. Et, il serait maladroit ou même suicidaire pour eux d’essayer de transférer leur butin ailleurs et de le faire volatiliser sous d’autres paradis. Cela ; d’autant plus que, traqués dans l’espace européen, ils ne sont pas à l’abri de la mésaventure qui a valu à l’ancien ministre des Affaires étrangères, Cheikh Tidiane Gadio, ses ennuis judiciaires au pays de l’Oncle Sam.
Tous ces dirigeants, la grande famille et ses sbires, qui essaient de se vêtir en habits immaculés «Monsieur propre» pour tromper l’Ofnac et qui font des va-et-vient incessants entre Dakar et Dubaï, avec leurs épouses et enfants, sous le couvert de sociétés exotiques aux comptes bien garnis, vont ouvrir les yeux ronds en lisant ses lignes et auront certainement la trouille de leur vie. De peur de se retrouver sur la paille. Et ça promet de belles prises pour la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) et l’Office national de lutte contre la corruption (Ofnac) dans leur chasse aux magots volés et planqués.
Cette nouvelle donne sur les sables du désert de Dubaï intervient dans un contexte où, partout en Occident, les gens sont ulcérés de voir des autorités africaines de pays très pauvres et endettés étaler une richesse qui frise l’insolence et l’extravagance. Et pour s’en convaincre, on n’a qu’à se référer aux actuels ennuis du fils de Théodore Obiang Nguema de la Guinée Equatoriale au Brésil ou, chez nous, le cas du député Farba Ngom, interpelé en France, à l’aéroport de Roissy, en possession -excusez du peu !- de 38 600 euros (soit plus de 25 millions Cfa). Des liquidités, disait-il, qui devraient lui permettre de régler des frais médicaux au pays de Marianne. Ce qui a fait ricaner plus d’un, y compris dans son propre camp même.
Seyni DIOP