Bien que membre de la mouvance présidentielle avec sa formation politique social républicain qui soutient le président Macky, Dr Abdourahmane Kane n’est pas convaincu de la pertinence du parrainage qu’il trouve comme une élection avant les élections.
Encore une note discordante dans les rangs de la mouvance présidentielle. Le président du Parti social républicain prend le contrepied du pouvoir sur la question du parrainage. Selon Dr Abdourahmane Kane, «le parrainage, c’est une élection avant les élections». Aujourd’hui, déplore-t-il, «tous les Directeurs nationaux et chefs d’agences sont dans la rue. Personne ne travaille. L’opposition est dans son rôle pour faire la campagne de collecte de parrainage. Mais ce qui est valable pour l’opposition ne peut pas l’être pour les hommes au pouvoir. Les hommes au pouvoir sont payés pour travailler. Lorsqu’ils ne travaillent pas, il n’y a pas une valeur ajoutée. Il y a alors une perte. Si tous les ministres sont en campagne électorale pour le parrainage, si tous les Dg sont sur le terrain pour récupérer des signatures, cela va impacter négativement sur l’économie». Pour lui, «faire de la politique, c’est éviter d’être un béni-oui-oui. Il faut éviter ces positions toutes tranchées parce qu’il ne faut pas être trop figée en politique. On doit éviter l’affectionnalisme ou le bayfalisme».
Sa formation politique (le Parti social républicain) est dans la mouvance présidentielle, mais dans cette mouvance, précise-t-il, «nous avons des postures et des positions qui peuvent être différentes». Ajoutant au passage : «Je ne remets pas en cause cette dynamique de compagnonnage. Je pense qu’il y a des changements à porter dans la politique sénégalaise. On ne peut pas se développer en passant tout notre temps à faire de la politique. Il faut qu’on ramène la dimension de la politique à son élément le plus bas possible. C’est-à-dire diminuer l’impact de la politique dans la vie quotidienne des Sénégalais». Occasion qu’il saisira pour faire savoir : «Je m’attends à avoir un président de la République qui s’oriente vers cette dynamique. Je suis contre quelqu’un qui me rajoute des élections sur les élections que nous avons déjà. Je suis également contre ce processus qui donne l’impression d’avoir une élection avant les élections».
Sur un tout autre registre, avec sa casquette de spécialiste en Sciences politiques, Dr Kane s’est prononcé sur la question des programmes et plans des candidats en lice pour la présidentielle de 2019. Et c’est pour souligner : «Depuis 1960 on se base sur des plans. Et les différents présidents qui se sont succédé à la tête de la Nation sont venus avec leur programme ou plan». Le fait de parler de programme, poursuit-il, «est un non sens. Parce que nous avons dépassé cette dynamique. Le programme avait un sens dans les idéologies. Quand il y avait le communisme, le capitalisme, le social démocrate… ». Aujourd’hui, ajoute Dr Kane, «il y a une mondialisation de la connaissance et des techniques. Il faut que les hommes politiques discutent sur les grands axes du développement. Il faut qu’il y ait une pérennité et une constance dans ce que nous sommes en train de faire».
Magib GAYE