Depuis plusieurs jours, l’Agence de presse sénégalaise (APS) n’émet plus. Très remontés contre les autorités, les travailleurs multiplient les mots d’ordre de grève. Ce qui constitue un véritable « manque à gagner » pour le régime dont les tenants font de la couverture médiatique de leurs manifestations, souvent politiques, une priorité.
Après deux mots d’ordre de grève de 96 heures, suivis d’un autre de 48 heures, les travailleurs de l’Agence de presse sénégalaise (APS), affiliés au Syndicat des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal (SYNPICS), ont organisé, mardi dernier, une journée de mobilisation syndicale. Ponctuée par une réussite totale, celle-ci a réuni de nombreux responsables du secteur, qui ont, unanimement, dénoncé la situation qui prévaut à l’APS. Fort de tout ce soutien, Bamba KASSE, responsable du SYNPICS/Section APS, de renseigner sur leurs conditions de travail qui, selon lui, sont exécrables. Pour le syndicaliste, depuis un an, l’APS n’a pas d’internet ni de téléphone. Au mois de novembre dernier, des journalistes de l’agence ont fait cas d’un blocage, faute de carburant, au milieu de la route les menant à une manifestation hors de Dakar.
Pendant que l’APS patauge dans les difficultés, le régime de Macky SALL fait la sourde oreille. Pourtant, le président de la République est plus qu’informé de la situation. Au mois de janvier dernier, il avait donné des instructions pour l’accélération de la modernisation de l’APS. Mais, comme à l’accoutumée, ses instructions sont restées en cours de route. Faute de carburant, diraient certains ; d’autres diront qu’il n’a pas ajouté « fermes » à instructions. Le 1er mai dernier, lors de la cérémonie officielle de remise des cahiers de doléances des centrales syndicales, Macky SALL soutenait que l’APS, « mérite d’être soutenue » et que sa situation allait être « examinée de près ». Depuis, rien est fait. D’où l’ire des syndicalistes.
Pourtant, du président SALL, qui ne cesse de faire cas de la défaillance de ses caisses de résonance à chaque fois qu’il est question de vendre ses réalisations, les travailleurs de l’agence pouvaient espérer un meilleur traitement. Ses journalistes trimbalés un peu partout pour les besoins de couverture médiatique de manifestations souvent politiques de ministres, de directeurs et même du leader de l’APR, l’APS, seule agence publique de presse du Sénégal, fait plus que de l’information. En effet, plus qu’après l’arrivée de Thierno Birahim FALL à la tête de la direction générale, l’APS fait de la propagande. Le 8 avril 2017, l’APS titrait, en Une : « des centaines de manifestants protestent à Dakar à l’appel de ‘Y en a marre’ ». C’était après un vaste rassemblement à l’appel du mouvement “Y’en a marre” qui avait réuni des milliers de manifestants. Pour certains, « l’APS a été bien ‘apérisée’ ». Et c’est sans doute Thierno Birahim FALL qui inspire Yakham MBAYE qui, depuis sa nomination à la tête du quotidien national, fait briller Le Soleil là où se trouve Macky SALL.
Mame Birame WATHIE