Las de courir derrière le ministre de la Santé pour leur recrutement dans la Fonction publique, la réforme du décret qui régit leur corps etc., les médecins internes et anciens internes ont donné de la voix, hier. Devant les locaux de leur ministère de tutelle, ils ont dénoncé leurs mauvaises conditions de travail. Non sans fixer un délai de 72 heures aux autorités pour se pencher sur leurs revendications. Faute de quoi, ils vont boycotter urgences et services de garde.
Les hôpitaux publics risquent de renouer encore avec les perturbations si les autorités ne réagissent pas d’ici 72 heures. Les médecins internes et anciens qui exigent depuis plus de 4 ans un recrutement massif dans la Fonction publique, la clarification et la mise à niveau de leur statut, de meilleures conditions de travail, entre autres, menacent de corser l’ordonnance. Ce, en boudant toutes les urgences et les gardes dans les structures sanitaires publiques. Ils ont tenu, hier, un sit-in devant le ministère de la Santé et de l’Action sociale pour lancer un dernier avertissement au gouvernement. «Nous réclamons la clarification et la mise à niveau des statuts des médecins internes et anciens internes. Nous voulons savoir quelle place nous occupons dans le système sanitaire sénégalais. Parce qu’aujourd’hui, les textes sont caducs. Le décret 72 /642 du 29 mai 1972 qui régit jusqu’à présent l’internat sénégalais est devenu obsolète. Dans le décret, il est précisé tout ce que l’interne doit faire mais ce que l’interne doit avoir, notamment ses droits car ses avantages ne sont pas bien définis», martèle Mouhamadou Bachir Bah, médecin interne des hôpitaux au service de radiothérapie de l’hôpital Dalal Jaam de Guédiawaye et porte-parole du jour. Sous ce rapport, ces blouses blanches demandent la rédaction de nouveaux textes.
Le deuxième point concerne leur entrée dans la Fonction publique. Ils précisent que l’internat est un concours d’Etat et les médecins, à la sortie de leur formation, sont nommés par un arrêté du ministère de la Santé. Ils font l’internat pendant 4 voire 5 ans. Malheureusement, après ce service, ils sont «jetés dans la rue». Ce qu’ils jugent incompréhensible et aberrant au moment où le système de santé du pays souffre à cause d’un manque criard de spécialistes.
L’autre point qui a soulevé leur courroux a trait à leur prise en charge. Selon eux, l’article 30 du décret 72/642 du 29 mai 1972 stipule clairement qu’ils ont droit à une prise en charge médicale. Mais, ils constatent, pour s’en désoler, que ce n’est pas le cas dans les hôpitaux. «Nous travaillons dans les structures sanitaires, gérons les urgences. Nous sommes la cheville ouvrière de l’activité hospitalière de ce pays. Mais si un médecin interne tombe malade, sa prise en charge pose un problème», regrette encore le jeune médecin.
La spécialisation est aussi au cœur des préoccupations de ces médecins. À les en croire, l’interne est quelqu’un qui est en perpétuelle formation. C’est un médecin qui assure les urgences et qui est en charge de l’encadrement des étudiants stagiaires. Mais, le hic est que la formation n’est plus gratuite pour eux alors qu’ils font tout le travail. Ils soutiennent qu’ils ont droit aux bourses de spécialisation comme tous les autres médecins. Parce qu’il y a certains de leurs collègues qui sont fonctionnaires de l’Etat et qui continuent de bénéficier de cet avantage alors qu’ils n’y ont pas droit.
Ils révèlent, par ailleurs que les anciens internes constituent 95 % du professorat de la faculté de médecine, de pharmacie et d’odontologie de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
Samba BARRY