La pirogue convoyant des migrants qui a été interpellée par la Police sénégalaise, samedi dernier, avait à son bord 140 individus. Trente-neuf d’entre eux dont des Sénégalais et des Gambiens ont été arrêtés par des éléments de la Division de lutte contre le trafic de migrants et pratiques assimilées. Révélations sur les détails de l’enquête.
La pirogue convoyant des migrants à destination des côtes espagnoles qui a été interpellée par la Police sénégalaise, samedi dernier, transportait 140 personnes. L’arrestation spectaculaire de ces voyageurs a eu lieu sur la corniche ouest de Dakar (Baie de Kussoum), plus précisément sur la côte à hauteur de la Porte du millénaire. Une occasion pour les forces de l’ordre d’interpeller, au total, 39 d’entre eux dont deux femmes, quatre mineurs et un Gambien. Le reste des migrants a réussi à s’échapper, à cause de la minorité des éléments de la police présents sur les lieux. «On a constaté qu’il y avait à bord de la pirogue 140 migrants. Parmi eux, nous avons pu interpeller 39 et le reste a pris la fuite. Les 38 sont des Sénégalais et un Gambien. Pour la tranche d’âge, on a noté 4 mineurs, le reste sont majeurs dont deux jeunes filles. L’essentiel d’entre eux sont des Sénégalais. Il y a aussi des complices gambiens car la pirogue a pris départ là-bas», révèle le commissaire Bacary Malouine Faye, chef de la Division nationale de lutte contre le trafic de migrants et pratiques assimilées qui s’est entretenu en exclusivité avec WalfQuotidien.
Le voyage a été savamment organisé depuis la Gambie, en complicité avec des Sénégalais, selon toujours les révélations du commissaire Faye. «Une partie de ces migrants a pris départ en Gambie, précisément à Bara. La pirogue a fait escale à Sendou où le reste des migrants étaient montés à bord. Elle a fait cap pour se rendre aux niveaux des côtes espagnoles», précise-t-il. Qui renseigne qu’en cours de trajet, la pirogue a commencé à prendre de l’eau. «Le capitaine se rendant compte qu’il ne pouvait plus continuer sa route, a changé de cap d’urgence et a atterri au niveau de la Porte du millénaire», a-t-il expliqué samedi dernier au sortir de l’enquête.
Selon toujours le commissaire Faye de la Police sénégalaise, c’est le samedi 18 août 2018, aux environs de 4 heures du matin, que ses éléments ont été informés qu’une pirogue remplie de migrants était en détresse, en destination des Iles-Canaris et avait changé de cap pour accoster au niveau de la corniche ouest. «Informés, les éléments de la Police nationale se sont déplacés sur les lieux. Les migrants ont quitté Bara dans la nuit du jeudi, 16 août 2018. Ils ont fait escale à Sendou et c’est à partir de là-bas qu’ils ont pris la destination des côtes espagnoles. Ils ont fait moins de 24 heures pour atterrir à la Porte du millénaire», informe le commissaire Faye.
Identifiés, les convoyeurs bientôt arrêtés
A la suite de leur interpellation, le procureur de la République a aussitôt été avisé, renseigne-t-il. Ce qui a permis l’ouverture dare-dare d’une enquête judiciaire. Mais au-delà des voyageurs et des passeurs arrêtés, les enquêteurs sont sur la piste des convoyeurs restés sur la terre ferme. «Il y a des personnes qui ne sont pas encore interpellées pour le moment. On a même localisé les lieux où ces convoyeurs sont censés être», explique-t-il en se gardant de donner les noms des suspects. Ils sont nombreux, ceux qui viennent de la région de Tamba. Cette région qui n’est pas loin de la Gambie a remporté le plus grand nombre de migrants. «Les migrants viennent de l’intérieur du pays. La majeure partie est de la région de Tambacounda. Certains viennent de Mbour, d’autres de Fass Boye, de Cayar et de la Gambie», ajoutera le commissaire Faye.
Un tour au niveau de la plage juxtaposant la Porte du millénaire a permis de constater l’état de la pirogue, sans immatriculation. C’est une embarcation de fortune dont la fabrication n’est pas encore achevée.
Aux dernières nouvelles, une source proche de l’enquête signale que la plupart de ces migrants arrêtés ont été remis en liberté tard dans la nuit d’hier, à l’exception de sept d’entre eux retenus pour «nécessité de l’enquête».
Salif KA