Après 15 ans de bons et loyaux services et à cinq mois de la Présidentielle de 2019, deux talentueux journalistes du Groupe Futurs Médias, Mamoudou Ibra Kane et Alassane Samba Diop, estiment devoir faire faux bond au ministre-chanteur de Macky Sall. Le tandem veut monter un nouveau projet qui va certainement concurrencer le business de Youssou Ndour. Et selon des sources concordantes, c’est avec l’homme d’affaires Yérim Sow qu’ils vont se lancer à travers le rachat de la chaîne Origines Sa d’El Hadji Ndiaye et de la radio Nostalgie que Bougane Guèye avait déjà mis dans son escarcelle. Et si c’est le pouvoir qui cherchait à diminuer la capacité de nuisance de son allié ?
Deux des maillons les plus fort du Groupe Futur Médias (Gfm) tournent le dos au Groupe Futurs médias (Gfm). Mamoudou Ibra Kane et Alassane Samba Diop ont décidé, en compagnie de Dj Boub’s également annoncé sur le départ, de concurrencer Youssou Ndour aux micros. Et cela, dans dans le bon tempo : à cinq mois de la prochaine élection présidentielle du 24 février 2019. Mais ces confrères, qui ont aussi fait les beaux jours de Walf Fm, ont eu l’habileté d’en discuter déjà avec leur désormais ex-patron, la «star planétaire» lors d’un tête à tête comme l’indique le communiqué de presse. «Le Président du Groupe Futurs Médias, Youssou Ndour, le Directeur général, Mamoudou Ibra Kane et le Directeur de la Radio Futurs Médias, Alassane Samba Diop, informent le public de la fin de leur collaboration au niveau du Groupe Futurs Médias», souligne le texte. Qui relève que Mamoudou Ibra Kane et Alassane Samba Diop ont, en effet, informé Youssou Ndour, lors d’une rencontre, de leur décision de démissionner du Groupe Futurs Médias pour lancer un nouveau projet médiatique.
Cependant, plusieurs informations qui circulent dans les salons de Dakar depuis samedi, prêtent à l’homme d’affaires Yerim Sow l’ambition d’investir le secteur des médias pour avoir de l’influence après ses investissements lourds et variés dans plusieurs secteurs. Et il nous revient que nos confrères ont été embarquées dans ce projet. Mieux, rapportent certaines sources, ce nouveau groupe aurait déjà réussi à convaincre un autre cacique de Gfm, Dj Boub’s, à rejoindre l’aventure. Et pour persuader ce beau monde, une des chaînes du groupe du magnat de la presse, El Hadji Ndiaye de 2stv, mais aussi la radio Nostalgie rachetée il n’y a pas longtemps par Bougane Guèye de D-Médias, seraient déjà acquises. Des médiums disponibles sur la plateforme de la Télévision numérique terrestre (Tnt) qui ont l’atout de permettre un démarrage rapide du projet.
Ces départs, avec d’autres qui se dessinent, sonnent comme un retour de bâton pour Yousou Ndour qui avait la fâcheuse habitude de phagocyter les autres groupes de presse pour garnir son écran. Les démissions en vue risquent d’être une histoire empoisonnante pour Gfm, avec un démantèlement en marche, et d’avoir des conséquences sur le groupe du ministre-chanteur. En effet, pour ne pas être enterré vivant, il est attendu du top management de Gfm des actes forts, dans leur réaction, pour montrer que le système mis en place est plus fort que les acteurs. A défaut, on pourrait assister à des flottements qui précipiteront la fin de cette hégémonie sur le paysage médiatique sénégalais. Ce qui arrangerait Macky Sall dont on dit qu’il manœuvre à désarmer son allié. Et le fait de voir le même homme d’affaires à qui on a fini par filer la licence de Tigo, que Youssou Ndour voulait, débaucher ces ténors est suspect. Car, des sources renseignent que le pouvoir chercherait à lui faire payer certains écarts à l’image de la Une de son canard où l’opposant Ousmane Sonko s’est permis de traiter Macky Sall de «poltron». Ou encore la frustration créée à la Rue 15 X Corniche lorsque certains journalistes ont failli s’arracher les cheveux entendant la nouvelle recrue de la télé, l’animateur Thiamas, dire qu’il émargeait à hauteur de 600 mille francs Cfa.
Une autre lecture des évènements laisse voir que c’était dans le pipeline depuis longtemps. En effet, qu’un Mamoudou Ibra Kane prenne une indisponibilité de 6 mois à la veille des dernières élections législatives et se décide de quitter le groupe du musicien chanteur à la veille de l’élection présidentielle de 2019 semble troublant aux yeux d’observateurs de la scène médiatique. Cela pourrait amener à penser qu’il y a des contraintes internes dans son groupe sur le traitement de l’actualité politique. Cela pourrait également signifier qu’il n’est pas d’accord avec la ligne éditoriale à laquelle il est soumis. Autant d’interprétations qui poussent à se demander si un groupe de presse peut s’aligner sur les thèses d’une majorité, quelle qu’elle soit ? Sont-ils partis pour éviter les cris de douleur de la classe politique sur la collusion soupçonnée de ce groupe de presse avec le pouvoir ? Attendons le verdict du «Grand jury».
En tout état de cause, l’environnement de la presse sénégalaise, devenue illisible aux yeux de nombreux diplomates en poste au pays pose problème. Colonisée par des hommes affaires et autres affairistes, la presse subi la pression des milliardaires et autres industriels dont ils dépendent beaucoup de la pub. Et personne n’est au secours de l’infos.
Seyni DIOP