Le marché Tilène n’existe presque plus. L’infrastructure marchande a été dévorée par les flammes qui ont tout rasé dans la nuit du vendredi au samedi. Une catastrophé qui a eu comme effet collatéral, la mort d’une dame, détentrice d’une cantine dans ledit marché. Retour sur les lieux du sinistre.
Le feu s’est déclaré aux environs de deux heures du matin le jour des faits, selon les riverains. Alors que beaucoup de Ziguinchorois dormaient profondément, les flammes grossissaient au marché Tilène. Les premiers qui ont constaté les faits étaient loin, très loin même de s’imaginer l’ampleur des dégâts. Alertés, les sapeurs-pompiers arrivent sur les lieux avec leurs maigres moyens. Le compte à rebours avait commencé depuis longtemps. Mais, les soldats du feu lancent le combat contre des braises de plus en plus ardentes. Pendant plusieurs heures, les sapeurs-pompiers, aidés par leurs collègues des aéroports du Sénégal et de Bignona luttent farouchement contre les flammes, sous le regard inquiet et impuissant des spectateurs de plus en plus nombreux. En quelques minutes, malgré la pénombre, les alentours du marché étaient pris d’assaut par les citoyens et autres autorités politiques et administratives.
C’est finalement au-delà de huit heures du matin et après à une lutte héroïque rendue difficile par les implantations anarchiques qui caractérisent ce marché que le feu a été complètement circonscrit. Mais, que de dégâts. A la faveur de la lumière du jour, les populations constatent la gravité de la situation. C’est une véritable ambiance apocalyptique qui s’offre à l’œil. Tout a été rasé par les flammes. Au total, plus de trois cent cinquante cantines sont parties en fumée et avec elles, les marchandises. A la place, les commerçants ont droit à des tôles calcinés, des restes de matériels irrécupérables, bref, le marché Tilène vient d’être rayé de la carte marchande de Ziguinchor. Au milieu de ces ruines, une petite mosquée et ses nattes de prière, toutes épargnées miraculeusement par les flammes, fait office de rescapée. De ce marché jadis grouillante de monde, il ne reste plus que ce lieu de culte et les quelques cantines situées le long de la route.
Concomitamment à la lutte engagée contre les flammes, les sapeurs-pompiers devaient se charger de l’évacuation de certaines personnes tombées en syncope sous le coup de l’émotion. Malheureusement, l’une d’entre elles, une dame détentrice de cantine, a fini par rendre l’âme, portant le bilan de cette catastrophe à un mort, un marché complétement rasé et des centaines de millions de francs de marchandises partis en fumée. Depuis cette fameuse nuit, on assiste à un balai d’autorités. Benoit Sambou, Aminata Angélique Mangé, Abdoulaye Baldé, Pape Gorgui Ndong etc…, se sont rendu sur les lieux pour tenter de soulager les sinistrés qui ont tout perdu, à la veille d’une fête comme la Takaski, moment de lourds investissements pour eux.
Mamadou Papo MANE
Les sinistrés refusent le déblayage des lieux
Le musée hideux qu’il est devenu devra continuer encore à recevoir des visiteurs. Telle est la volonté des sinistrés. Le souhait des autorités de déblayer les tas d’immondices qui caractérisent désormais le marché Tilène de Ziguinchor s’est heurté, hier, au refus catégorique des commerçants. Et pourtant, il était en effet retenu de nettoyer les lieux en guise de lancement des activités des vacances citoyennes. Plusieurs centaines de jeunes ont été mobilisés à cet effet. Une initiative qui n’a pas agréé les sinistrés, malgré les interventions du ministre de l’Economie solidaire, Aminata Angélique Manga et du gouverneur de la région de Ziguinchor. L’annonce de l’arrivée prochaine du Premier ministre a certainement motivé le refus des sinistrés qui veulent accueillir Mohamed Boune Abdallah Dionne dans ces conditions, avec des tas d’immondices qui imposent leur gabarit et forcent le regard. «Il faut que le Premier ministre se rende compte de lui-même de l’ampleur des dégâts», scandent en chœur les commerçants encore sous le choc. Finalement, le ministre de la jeunesse et de la construction citoyenne s’est contenté d’une visite sur le site du sinistre pour démarrer « ses » vacances citoyennes.
P. MANE
