Les leaders de l’opposition ont toujours invoqué les interdictions pour expliquer la faible mobilisation lors de certaines de leurs
manifestations.
Cette fois-ci aucune justification ne sera admise en cas de contre-performance, d’autant plus que leur rapport de force avec le président Macky Sall dépendra du succès ou de l’échec de cette marche.
La manifestation est autorisée, même si c’est à la dernière minute. Ainsi, les partis de l’opposition doivent maintenant relever un défi de taille, celui de la mobilisation. Les leaders de l’opposition ont toujours invoqué les interdictions pour expliquer la faible mobilisation lors de certaines manifestations. Cette fois-ci, aucune justification ne sera admise en cas de contre-performance, d’autant plus qu’ils avaient déjà prévenu qu’ils manifesteront de gré ou de force. L’opposition doit donc impérativement battre le rappel des troupes, montrer sa force de frappe et sa capacité de mobilisation si elle veut faire douter le pouvoir de Macky Sall et le pousser à prendre en compte leurs revendications.
En outre, la Ld-Debout, Pastef, Act, Aj, Rewmi, le Grand Parti et surtout Takhawou Sénégal et le Parti démocratique sénégalais (Pds) ont besoin d’une forte mobilisation ce vendredi pour établir un rapport de force qui leur sera favorable. En effet, de nombreux observateurs de la vie politique et même les leaders de l’opposition sont convaincus que la candidature de leurs leaders respectifs, Khalifa Sall et Karim Wade à l’élection présidentielle de 2019, dont le premier tour est fixé au 24 février, dépendra du rapport de force avec le régime de Macky Sall.
En effet, les démêlées politico-judiciaires de Khalifa Sall, dont le procès en appel a été reporté à la semaine prochaine, ainsi que celles de Karim Wade qui a été radié des listes électorales par les
services du ministère de l’Intérieur trouveront une issue politique et non judiciaire. La validation ou l’invalidation de leur candidature par le Conseil constitutionnel se jouera en grande partie, non pas
devant les juridictions, mais sur le terrain de la mobilisation et de la confrontation avec le pouvoir. «Macky Sall ne connaît que le rapport de force», a dit une fois le député Mamadou Diop Decroix à l’Assemblée nationale. «Le devoir que nous avons est de nous battre pour que les élections redeviennent sincères et transparentes et pour que la volonté populaire soit sécurisée», a également dit Decroix, en décembre dernier, lors d’une conférence de presse des leaders de l’opposition et des organisations démocratiques signataires de l’Initiative pour des élections démocratiques au Sénégal. «Nous sommes obligés de nous battre pour avoir des élections sincères», avait soutenu le député Mamadou Lamine Diallo, lors de cette même conférence de presse. «Des questions de droit, Macky Sall s’en moque royalement, ce n’est pas son problème», a asséné le député Ousmane Sonko, dimanche dernier, en marge de la conférence de presse des avocats de Karim Wade.
L’opposition manifeste ce vendredi pour exiger également une gestion correcte des ressources gazières et pétrolières.
Au plan politique, l’opposition exige la création d’une Haute autorité pour remplacer
l’institution dirigée par Doudou Ndir, accusée d’être au service du pouvoir. Les opposants exigent aussi la nomination de juges indépendants à la place du Conseil constitutionnel. La plus haute
juridiction est accusée avec la Cena d’avoir modifié la loi électorale pendant la campagne électorale, alors que le protocole additionnel de
la Cedeao sur le processus électoral interdit toute modification de la loi constitutionnel six mois avant le scrutin. Mais jusqu’à présent le président Macky Sall est resté de marbre, il est resté intraitable et intransigeant.
Charles Gaïky DIENE