CONTRIBUTION
La raison majeure évoquée pour l’adoption de la loi dite sur le parrainage est le souci de contenir le nombre de candidatures à une élection présidentielle. Si, sur le principe, il est souhaitable que l’élection présidentielle garde un certain prestige et une honorabilité effective, il semble que la loi sur le parrainage ne sera pas, dans sa forme actuelle, à mesure de le garantir. Partons du schéma selon lequel il y aurait 6 500 000 inscrits et que chaque candidat devrait obtenir 0,8 % de parrains des électeurs inscrits. Cela va se traduire par 6 500 000 x 0,8 /100 = 52 000. Il faut donc obtenir 52 000 signatures pour être candidat lorsque l’on a satisfait aux autres critères de droit commun. Cela voudrait dire que le nombre potentiel de candidats pourrait, légalement, être de : 6 500 000 / 52 000 = 125 ! Autrement dit, légalement et désormais, rien ne pourrait s’opposer à la candidature de 20, 30, 50, 60 candidats…
En conclusion, une loi prise pour diminuer, soit disant, la possibilité de la multiplication des candidatures, autorise jusqu’à 125 candidatures ! Cela est absurde, pour le moins, et devrait conduire au retrait pur et simple d’une loi qui institutionnalise le mal qu’elle prétendait juguler. D’autant plus que, dans notre pays, et sans aucune loi dédiée, nous n’avons jamais dépassé la quinzaine de candidatures à une élection présidentielle. A moins que des intentions inavouables n’aient été à l’origine du passage à la tronçonneuse de la loi sur le parrainage, les autorités doivent nous expliquer la logique qui nous a valu une telle débauche d’énergie sur un faux problème qui va en poser de vrais.
Amadou Tidiane WONE