Le parti historique d’opposition congolaise a mis en garde contre un “chaos électoral en gestation” en République démocratique du Congo deux jours après la convocation de l’électorat et à moins de six mois des scrutins.
Inimaginable il y a encore quelques semaines, l’envoi de cette délégation a été décidé par le président érythréen Issaias Afeworki à la suite d’une ouverture du régime éthiopien et de son Premier ministre réformateur Ahmed Abiy.
“La délégation érythréenne arrive non seulement aujourd’hui, mais dans quelques heures” à peine, a déclaré à l’AFP le porte-parole du ministère éthiopien des Affaires étrangères, Meles Alem.
Le Premier ministre Abiy, âgé de 42 ans, a pris ses fonctions en avril et il a depuis amorcé un train de réformes sans précédent depuis plus de 25 ans dans le deuxième pays le plus peuplé d’Afrique.
Au nombre de ces bouleversements, l’annonce début juin de son intention d’appliquer l’accord de paix signé en 2000 avec l’Erythrée et les conclusions de la commission internationale indépendante sur la démarcation de la frontière.
L’Ethiopie et l’Erythrée se sont livré de 1998 à 2000 une guerre conventionnelle, avec chars d’assaut et tranchées, qui a fait quelque 80.000 morts, notamment en raison d’un désaccord sur leur frontière commune.
“Guerre totale”
Le refus éthiopien d’appliquer une décision en 2002 d’une commission soutenue par l’ONU sur le tracé de la frontière a ensuite, entre autres, entretenu l’animosité entre les deux pays.
Il y a deux ans à peine, en juin 2016, un violent accrochage avait opposé les deux armées à la frontière, les Erythréens affirmant avoir tué plus de 200 soldats éthiopiens.
L’Ethiopie avait alors mis en garde son voisin, lui rappelant qu’elle avait “la capacité de mener une guerre totale”.
Répondant à la main tendue du régime éthiopien, le président érythréen Issaias Afeworki a annoncé la semaine dernière l’envoi de cette délégation en Ethiopie pour discuter d’une paix entre les deux ennemis jurés, en réponse aux “signaux positifs” venant d’Addis Abeba.
“Comme c’est le cas en Erythrée, les Ethiopiens apprécient aussi de vivre en paix et en harmonie avec leur voisin (…). Les signaux positifs émis ces derniers jours peuvent aussi être perçus comme une expression de ce choix populaire”, avait-il déclaré à l’occasion d’une journée commémorant les martyrs de la guerre d’indépendance contre l’Ethiopie.
Autrefois façade maritime de l’Ethiopie, l’Erythrée a déclaré son indépendance en 1993 après avoir chassé les troupes éthiopiennes de son territoire en 1991 au terme de trois décennies de guerre.
Mardi matin, sur la route menant à l’aéroport international d’Addis Abeba, des journalistes de l’AFP ont constaté la présence de banderoles avec les drapeaux des deux pays.
A l’aéroport, le tapis rouge était en place, ainsi qu’une fanfare. Le Premier ministre Abiy était attendu pour accueillir en personne la délégation, dont on ignorait l’heure exacte d’arrivée.
“Surpasser la déception”
Si la décision de M. Abiy de tourner la page du conflit de 1998-2000 en respectant l’accord de paix d’Alger a été saluée par la communauté internationale, elle a été accueillie avec défiance par les habitants de la ville symbole de Badme, accordée à l’Erythrée en 2002.
L’Ethiopie n’a d’ailleurs pas indiqué quand ses troupes quitteraient cette localité, dont les 18.000 habitants éthiopiens redoutent de se retrouver sous la coupe de leur ancien ennemi. Un journaliste de l’AFP a constaté à la mi-juin qu’elles étaient toujours sur place.
Le Premier ministre éthiopien, qui a également annoncé la libéralisation partielle de l’économie éthiopienne et a procédé à des remaniements au sein de l’appareil sécuritaire, va devoir montrer sa capacité à concrétiser son ouverture vers l’Erythrée tout en ménageant les sensibilités dans son pays.
Samedi, lors d’un immense rassemblement sur la plus grande place d’Addis Abeba, une grenade a été lancée par un homme encore non identifié, faisant deux morts. Le Premier ministre venait d’achever son discours et, selon l’un des organisateurs du meeting, il était la cible de cette attaque. Les autorités ne se sont pas encore prononcées sur ce point.
“Le point crucial à surveiller, c’est la capacité d’Abiy de surpasser l’inévitable déception ou sentiment de trahison au regard de la décision sur l’Érythrée”, expliquait récemment à l’AFP Christopher Clapham, de l’université britannique de Cambridge.
Voaafrique avec AFP