CONTRIBUTION
Depuis quelques jours, une scène d’une grande lâcheté est largement partagée dans les réseaux sociaux : un Agent de sécurité de proximité y agresse sans honte et sans retenue des personnes handicapées qui, sur leur chaise roulante, n’ont pas pu riposter. Monsieur le Président de la République, nous ne pouvons pas taire cette abomination. Nous ne plaidons pas la cause des agressés parce qu’ils sont des handicapés, nous nous indignons parce que, autant que vous et moi, ces âmes sont au moins dignes de respect et c’est aussi parce que cet agresseur doit répondre de ses actes. Ce lâche les a brutalisés parce qu’ils n’ont pas de mains pour se défendre, il les a agressés parce qu’ils n’ont pas de pieds pour lui résister.
Monsieur le Président, ces victimes n’attendent pas de l’Etat de la pitié, elles réclament justice au nom de leur dignité violée, au nom de l’honneur de notre Nation. Vous pouvez rendre justice à ces Sénégalais maltraités, rendez-leur justice, Monsieur le Président, parce que notre Nation ne fera jamais la promotion de ce genre de lâcheté. En outre, nous commençons à avoir l’habitude d’assister à ce genre de bavures de nos agents de sécurité. Cela interroge évidemment les bases sur lesquelles est fondé notre système de sécurité. Comment, des agents des forces de l’ordre peuvent-ils se permettre de telles dérives ? Nous, le peuple, nous ne voulons pas payer nos impôts pour que des frustrés et des inconscients déversent leur malaise sur des citoyens innocents. Nous comptons sur votre engagement et sur votre bonne volonté pour que le recrutement de ces agents soit revu et plus centré sur les qualités humaines et sur leur respect des sensibilités des postulants car le pouvoir coercitif ne doit pas être confié à des brutes.
Pour finir, Monsieur le Président, nous sommes convaincus que chaque main doit participer à la gloire de notre nation, que chaque conscience doit contribuer à notre rêve collectif. C’est pourquoi, Monsieur le Président, nous souhaitons que quelque chose soit fait pour ces concitoyens physiquement handicapés. Vous aviez dit, Excellence, que l’année 2018 sera sociale, nous y croyons. Mais ces âmes demandent plus. Elles demandent du travail, pas un traitement spécial, ni une Carte d’égalité des chances aux multiples avantages, elles veulent quitter les rues et les places publiques où leur humanité est niée dans chaque pièce jetée sur leur misère.
Je vous demande justice, Monsieur le Président, parce que vous êtes le Père de la Nation et que nul ne peut, mieux que vous, punir ces atrocités. Je vous demande justice parce qu’on ne doit pas nous habituer à ce genre de manque de respect. Nous sommes une grande nation, Monsieur le Président, c’est pourquoi un citoyens sénégalais comme moi s’est permis de vous faire part de son mal pour que justice soit faite au nom de tous les oppressés, en ayant foi en vous et en votre engagement. Nous espérons beaucoup de vous et nous attendons, Monsieur le Président.
Alioune Badara NDIAYE
Handicapé, ancien lauréat du Concours général
Etudiant en France