Le niveau de la délinquance est en train de prendre des proportions inquiétantes, au Sénégal.
Les chiffres qui sont sortis, hier, des résultats d’une enquête nationale et de la cartographie sur le banditisme et la criminalité font froid au dos.
L’enquête sur l’étude nationale et de cartographie de la délinquance au Sénégal livre ses secrets. Un rapport publié hier lève un coin du voile sur la montée grandissante de l’insécurité et la délinquance à outrance qui sévit dans le pays, malgré l’érection de plusieurs commissariats de police et de brigades de gendarmerie. En effet, les investigations faites en ce sens montrent que le banditisme gagne du terrain dans beaucoup de localités du pays. Et ce qui est plus étonnant encore, c’est que la majeure partie des actes de délinquance ne sont pas signalés au niveau de la police ou de la gendarmerie. D’ailleurs, selon Koumakh Ndour, directeur de l’Ecole supérieure d’économie appliquée (Enea) de l’Ucad, environ 14 % seulement sont déclarés. Il apparait, dit-il, qu’un gap entier échappe aux forces de l’ordre et de sécurité. C’est ce qu’il appelle le fameux chiffre noir. À l’en croire, le taux de la prévalence de la délinquance est de 30 % tandis que le signalement ne dépasse pas les 30 %. Le taux d’incitation à la délinquance est de 21 % sur l’ensemble des ménages qui ont été interrogés. «Environs les deux tiers de la population disent ne pas se sentir en sécurité dans les transports publics mais aussi au niveau de leurs domiciles. 78 % des populations craignent un risque de vol et dont 52 % d’entre elles une agression. Ces résultats montrent qu’il y a énormément d’efforts à faire dans le cadre de la sécurité», alerte M. Ndour.
Sexe, sang, argent et drogue
L’enquête a montré qu’en ce qui concerne les violences conjugales, le taux de prévalence est de 9,60 % au niveau national. La moyenne pour le vol du bétail est de 19,10 %. Les trois régions qui ont un taux supérieur au taux national sont : Louga (33 %), Saint-Louis (28,40 %) et Kaolack (20,40 %). Quant aux cambriolages, le taux sur l’étendue du territoire national tourne autour de 12,20 %. Ils sont beaucoup récurrents dans les centres urbains où il y a plus de concentration humaine. Il y a aussi les incidents liés au matériel roulant, c’est-à-dire des vols commis au niveau des véhicules stationnés dans les maisons ou garages. L’étude a montré également qu’au niveau des personnes, il existe des attaques physiques, injures et menaces avec 58,9 % dont 30 % d’agressions violentes. Les régions de Dakar, Kaolack et Thiès caracolent en tête dans ce domaine. Les violences sexuelles sont de 2,1 %, inégalement répartis au niveau des régions. Kolda enregistre 4,40 %, Sédhiou et Ziguinchor 3,40 %.
Le vol simple 10 % et le vol à la roulote 18,3 % dans le pays. Dakar enregistre 22 % viennent ensuite Diourbel et Thiès. Pour la cybercriminalité rangée dans la nouvelle catégorie de violence, la moyenne nationale est de 9, 3 %, à Dakar 20, 60 % suivi de Kolda et de Ziguinchor.
Dakar remporte la palme d’or
Le trafic de drogue culmine avec un taux chiffré à 16,6 % au Sénégal et concernent essentiellement les jeunes. Les atteintes à l’environnement constituent 9 % et occupent une bonne place dans les investigations. La région de Dakar vient en tête, suivie de Kolda. Les atteintes à l’environnement avec le trafic de bois sont estimées à 9 %. Louga, Kolda et Tambacounda sont les champions dans la coupe illicite du bois. Selon les données toujours, dans les régions, les agressions au niveau de l’intégrité physique, Kédougou remporte la palme avec 23,2 % suivi de Kolda 19,4 %, Sédhiou 10,8 %, Tambacounda 19,6 %, Ziguinchor 12,6 %, Kaffrine 11,3 %. Pour les atteintes aux biens, Kédougou caracole en tête avec 39,7 % suivi de Kolda 32 %, Sédhiou 28 % et de Tambacounda 25 %.
Samba BARRY