Ils se sentent abandonnés par l’Etat, les pêcheurs artisanaux de Guet Ndar et des environs de Saint-Louis.
Deux mois qu’ils attendent de pouvoir disposer de licence de pêche leur permettant d’officier aux larges des côtes mauritaniennes. Mais les accords de pêche entre Dakar et Nouakchott ne sont toujours pas signés.
Correspondance : Les présidents Abdel Aziz de Mauritanie et Macky Sall du Sénégal avaient promis de signer, au plus tard le 31 mars dernier, de nouveaux accords de pêche devant permettre aux populations de Guet-Ndar et environs, d’officier aux larges des eaux mauritaniennes. Près de deux mois plus tard, les licences de pêche dont la délivrance devait découler de la signature de ces accords, tardent à tomber. Et les professionnels de la pêche de la cité de Mame Coumba Bang ne voient même pas pointer à l’horizon une lueur d’espoir. «Sur place, la colère enfle et nous ne parvenons plus à contenir toute cette montée d’adrénaline de milliers de jeunes et de familles directement impactés par les activités liées à la pêche», ont tenu à préciser les responsables des pêcheurs et professionnels du secteur de Saint-Louis.
Plus aucune nouvelle probante n’a été donné depuis lors à propos de ces licences de pêche. «Nous ne parvenons même plus à entrer en contact avec les autorités sénégalaises en charge de la pêche alors que nous devons rendre compte aux populations qui nous ont mandatés», ont soutenu, à l’occasion d’un point de presse organisé au quai de pêche de Guet-Ndar, les mandataires des professionnels de la pêche de Saint-Louis. Et pour exprimer leur courroux et se rappeler au bon souvenir du pouvoir en place, les responsables des différents segments de la pêche de Guet- Ndar, Hydrobase, Santhiaba, Gokhou Mbacc, Gandiol, etc., sont montés au créneau. Parce que, dans la capitale du Nord, la pêche constitue un levier socio-économique non négligeable. On a, d’ailleurs, coutume de dire, dans cette partie du pays, que quand la pêche éternue, c’est Saint-Louis qui tousse.
Ce qui décuple davantage la colère des pêcheurs saint-louisiens, c’est qu’à l’occasion du séjour du président Macky Sall en République de Mauritanie, des accords sur le gaz et le transport avaient été paraphés et des conventions signées. Et, récemment, à Saint-Louis, les ministres mauritanien et sénégalais de l’Elevage ont paraphé une convention sur la transhumance du bétail. Au même moment, poursuivent nos interlocuteurs, amers, le secteur de la pêche où il y a plus urgence à intervenir, est laissé en rade. «C’est bien le cas de dire que l’Etat nous a abandonnés. Rester près de deux ans sans travailler, relève du supplice. Actuellement, nul ne peut imaginer le mal-vivre qui nous habite. Nous souffrons le martyre et souhaitons avoir des explications. Nous avons besoin de comprendre pourquoi le dossier piétine», ont tonné, en guise de piqûre de rappel, les professionnels de la pêche de Saint-Louis.
Gabriel BARBIER