La Place de la Nation (Ex-Place de l’Obélisque) a renoué, hier, avec les grands rassemblements.
Les travailleurs affiliés aux syndicats et différentes centrales syndicales, venus de tous les coins et recoins de la capitale, ont pris d’assaut la place mythique pour un grand rassemblement. Portant chacun les maux et les complaintes de son organisation, les secrétaires généraux se sont succédé sur le présidium pour dénoncer le quotidien qui est celui de leurs mandants. Pour Madani Sy, secrétaire général du Syndicat national des travailleurs du nettoiement (Sntn), le 1er mai n’est pas une fête mais plutôt un deuil pour eux. Parce que lui et ses camarades font face à d’énormes difficultés. «Certains de nos camarades ont été licenciés sans droits. Des entreprises ont été liquidées. Il s’agit, par exemple, de la société Ama Sénégal. 1 600 travailleurs courent jusqu’à, présent, derrière le gouvernement pour rentrer dans leurs fonds. On a l’impression que l’Etat qui vote les lois est celui qui les transgresse», martèle-t-il. Poursuivant, le patron de Sntn trouve que le Sénégal ne peut pas émerger dans la saleté. A l’en croire, ce pays n’ira nulle part tant que l’Etat continue de fouler aux pieds la législation du travail. «Chaque jour, nous ramassons 2 400 tonnes d’ordures. Ce qui nous étonne, c’est que le budget pour le nettoiement, c’est 17 milliards de F Cfa ? Sur ces 17 milliards de F Cfa, la masse salariale des techniciens ne dépasse même pas 3 milliards de F Cfa. Où va l’argent des ordures ? C’est la question que nous nous posons», lance-t-il, fortement ovationné par ses camarades qui brandissent des pancartes sur lesquelles leurs revendications sont écrites noir sur blanc.
Le Secrétaire général adjoint du Sutrail, Mademba Camara, parle lui de déception. «Nous sommes très déçus par le président de la République. Macky Sall est plutôt préoccupé par son Train express régional (Ter). Il a laissé en rade le Petit train de banlieue et Dakar-Bamako ferroviaire au profit de son Ter. Transrail ne peut plus circuler parce que nous n’avons plus de machines», souligne-t-il.
De son côté, le Secrétaire général de la Csa s’est fait le chantre d’une revalorisation des salaires. «Depuis 2009, il n’y a pas eu d’augmentation généralisée de salaire dans le secteur privé. C’est l’occasion de nous mobiliser pour que nous puissions dépasser cette revendication. Mais aussi c’est l’opportunité pour les centrales syndicales de mettre l’ensemble des travailleurs de la fonction publique sur la négociation en ce qui concerne la révision et l’harmonisation du système indemnitaire dans la fonction publique», lance Elimane Diouf. Pour ce dernier, le gouvernement doit se pencher sur les conditions de retraite des travailleurs. Dans sa lancée, il signale que les travailleurs de la Compagnie sucrière sénégalaise (Cse) rencontrent beaucoup de difficultés pour écouler leur produit. Et ce n’est pas normal, peste-t-il, dans un pays où on parle d’un taux de croissance de plus de 7 %.
Samba BARRY