CONTRIBUTION
Quand Macky Sall dissimule sa lâcheté politique derrière un rendez-vous. Alors que son pays est entre dérives et convulsions, lui président, a préféré aller se réfugier en France. Alors que son pays est dans la tourmente, lui chef de l’Etat, a laissé le Sénégal suspendu dans le vide et sans filet, pour filer se mettre à l’abri. Lui, chef suprême des armées et des forces de sécurité, il a choisi de déserter le champ de bataille, laissant ses troupes seules face aux Sénégalais. Lui, Père de la Nation, il a choisi de se sauver, laissant derrière lui, livrés à eux-mêmes, des millions de ses enfants braver le danger. Lui Père de la Nation, mieux vaut rester orphelin.
La froideur presque clinique de Macky Sall ne laisse poindre aucune espèce d’empathie envers son peuple. Toujours hermétique et impassible, il n’a pas usurpé son surnom «niangal». Cet homme, en permanence barricadé à double tour derrière une carapace d’acier, n’aura jamais réussi, après six ans de mandat, à trouver le chemin qui mène dans le cœur des Sénégalais.
Cette mise en quarantaine de toute émotion dans son rapport avec ses concitoyens, illustre de la plus dramatique des manières, sa décision de fuir en catimini son pays, plongé dans une tourmente qu’il a lui-même créée. Jamais la fonction présidentielle n’avait été à ce point désincarnée. Comme si Macky Sall n’était pas président du Sénégal, mais résident du Sénégal.
Qui disait que «la lâcheté est une forme d’égoïsme face au danger». Alors que tous les signaux avertisseurs d’un possible cataclysme politique retentissent d’un partout dans le pays, c’est le moment choisi par le chef de l’Etat pour nous abandonner. Mais faut-il pour autant lui en vouloir ? Quelle légitimité même avons-nous pour juger son acte ? Pourquoi prendrait-il le risque d’affronter son peuple s’il a à disposition, des partisans, prêts à s’asseoir sur l’intérêt supérieur de leur nation (hormis Alioune Badara Cissé et Diop Sy) et à défier les Sénégalais ? Qu’auriez- vous fait à la place du président ? Rester, assumer et faire face courageusement ou laisser l’épreuve du sacrifice aux autres ?
Tous les grands moments de l’histoire ont été marqués par le courage de certains et la lâcheté des autres. Notre pays est en train de vivre un moment de grande accélération de la sienne. Sans son président. Mais c’est souvent de loin qu’on observe le mieux certaines situations. Et de la France qu’il aura choisie comme refuge, Macky Sall s’est offert un point d’observation qui pourrait lui offrir une vue imprenable sur un possible processus de désintégration de sa stratégie de conservation du pouvoir. La puissance de déflagration de la bombe constitutionnelle qu’il a lui-même amorcée, avant d’aller s’abriter derrière son «homologue» français, pourrait anéantir ses ultimes illusions de réélection.
Même s’il est difficile de pronostiquer la réaction des Sénégalais, une chose est sûre, leur forte mobilisation constituerait un puissant sédatif démocratique contre les penchants autocratiques d’un président aux abois, dix mois avant le terme de son mandat. Et pour avoir tout ou presque conquis en six ans, il pourrait bien tout perdre.
Malick SY
Journaliste