CONTRIBUTION
Le principal argument avancé par les souteneurs de la loi sur le parrainage est la rationalisation des candidats. C’est une évidence que cette loi peut assurer une telle rationalisation. Cependant, pour analyser une loi, il faudrait étudier son applicabilité. En effet, il faudrait interroger son possible détournement à des fins non démocratiques. Pourrait-elle être utilisée dans le but d’éliminer un candidat quel que soit la vigilance des autorités ? La réponse est oui. Avec une somme de 265 millions de FCfa, un groupe mal intentionné est capable avec cette loi d’éliminer n’importe quel candidat (excepté le candidat au pouvoir).
Il suffit d’engager un candidat mercenaire dont la confection de sa liste est de s’éliminer avec un candidat cible en amenant ses signataires à signer pour lui en échange de compensation monétaire. Les 65 millions pourront être utilisés pour sa caution qu’il retrouvera quand il se fera volontairement recalé. Ensuite, il suffira de déterminer la région où le candidat cible aura plus de difficulté à avoir au moins 2 000 signataires. Finalement, il faut cibler ces signataires avec les 200 millions. De plus, il faudrait compter sans les erreurs de présence de personnes non inscrites sur ces listes de parrainage qui risquent de disqualifier involontairement certaines candidatures.
Même animé d’une bonne intention, cette loi nécessite une réflexion assez bien menée. La meilleure rationalisation est l’élection par le bulletin unique qui rend l’élection moins coûteuse. Le bulletin unique rationalise les coûts d’organisation de l’élection ne serait-ce qu’au niveau du tirage des bulletins. En effet, avec 10 candidats, il faudrait : 10 X 65 millions = 650 millions de tirages de bulletins. Par contre, avec le bulletin unique, il faudrait 10 fois moins.
Le bulletin unique décourage les possibilités de spéculations liées au tirage. Il réduit les possibilités d’achat de conscience en éliminant la preuve de vote pour un candidat. A la sortie des urnes, l’électeur ne peut pas détenir de bulletin avec lui. Avec le bulletin unique, la disponibilité du bulletin de chaque candidat est assurée dans tous les bureaux. Et tous ces arguments et tant d’autres rendent la loi sur le parrainage très suspecte et, du même coup, place le bulletin unique comme contre-proposition de la loi sur le parrainage.
Prof Youssou GNINGUE
Directeur du département Math & Comp. Sc.
Laurentian University (Canada)