Après une première tentative réprimée par les forces de l’ordre, l’opposition veut retourner dans la rue les jours à venir.
Mais cette fois, Mamadou Diop Decroix et Cie veulent changer de stratégie en organisant d’abord en méga meeting en banlieue avant de tenter de prendre d’assaut la place Washington pour exiger le départ du ministre de l’Intérieur chargé d’organiser les élections.
L’opposition est décidée à rééditer son coup malgré le coup de force des autorités lors de leur dernière manifestation. Mamadou Diop Decroix et ses camarades de l’Initiative pour des élections démocratiques en ont fait l’annonce hier au cours d’une conférence de presse. Cette fois-ci, c’est une toute autre démarche qu’ils comptent dérouler pour la démission de Aly Ngouille Ndiaye de ses fonctions de ministre de l’Intérieur et organisateur des élections. En premier lieu, c’est un grand rassemblement qu’ils vont dérouler jeudi 22 mars prochain dans la banlieue dakaroise dans les départements de Pikine et Guédiawaye. Ensuite ce sera le tour de Dakar par une marche de protestation vendredi 23 mars prochain à 11 heures qui aura pour point de chute la Place Washington, siège du département de l’Intérieur. Ils vont, une fois de plus, se frotter aux forces par l’arrêté Ousmane Ngom qui interdit toutes manifestations au centre ville.
Ils ont donné le ton. «Rien ne sera laissé en rade pour faire partir Aly Ngouille Ndiaye. Nous continueront à lutter jusqu’à la satisfaction totale de notre revendication», promettent ces formations politiques de l’opposition qui se sont regroupées sous l’Initiative pour des élections démocratiques. Mamadou Diop Decroix va plus loin en appelant la jeunesse sénégalaise à se joindre à la lutte. Parce qu’estime-t-il, «la transparence des élections, l’audit du fichier électoral, la correcte distribution des cartes nationales d’identité … ne sont seulement pas le combat de l’opposition mais celui de tout un peuple».
Faisant l’évaluation de leur dernier sit-in, ils ont souligné avoir remis des mémorandums au clergé, à l’Association des imams et oulémas et au médiateur de la République, Alioune Badara Cissé. Ce dernier, disent-ils, «leurs a réservé un accueil chaleureux».
En ce qui concerne la question du parrainage, soulevée par le camp du pouvoir, l’Initiative pour des élections démocratiques (Ied) a manifesté son opposition. Pr Bouba Diop de Taxawu Teem qui s’est prononcé sur cette question trouve qu’il s’agit d’un recul démocratique et d’un recul des vertus de la République. Le secrétaire général adjoint du Pds a, pour sa part, convoqué les articles 3 et 24 de la Charte fondamentale pour s’opposer à cette idée de parrainage. «Macky veut modifier la Constitution de 2016 pour ses propres intérêts. Il veut également tordre la Constitution des partis politiques», a dénoncé Omar Sarr, qui au passage signale que «nous disons non. Il n’est pas question d’accepter ce parrainage. Nous allons lutter jusqu’au bout».
Dans le même sillage, ils ont listé les différents disfonctionnements notés dans le ficher électoral avec les problèmes d’identité, de sexe et de filiation. Ils ont, à ce titre, appelé à un audit indépendant du fichier avec l’implication de la société civile africaine et celle internationale. La Commission électorale nationale autonome (Cena) en a également pris pour son grade. Pour Mamadou Diop Decroix et ses camarades, «la Cena a failli à sa mission». Cette structure, à les entendre, «est devenue un supplétif, un faire valoir». Occasion qu’ils saisiront pour réclamer une haute autorité indépendante pour organiser et superviser les élections. Rappelons que cette structure regroupe 23 partis politiques de l’opposition et organisations démocratiques. Ils ont décidé de faire front commun pour des élections libres, démocratiques et transparentes. L’initiative est ouverte à tous les partis de l’opposition, à toutes les organisations démocratiques de la société civile, aux citoyens sans appartenance politique et à tous les patriotes et démocrates.
Magib GAYE