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C’est incroyable ce qui s’est passé en plein jour, sous le soleil, et devant les yeux des Sénégalais qui n’ont vu que du feu le 2 février 2018 ! Après avoir embrouillé les cerveaux avec des discours fumeux du vieux disque rayé de la coopération et de l’aide à l’Afrique, Emmanuel Macron a demandé à Macky Sall de fermer les yeux, lever la tête vers le ciel et signer un marché de lampadaires qui devrait apporter la lumière solaire sur sa terre de la Téranga plongée dans les ténèbres. Et le marché fut conclu sous les youyous de hiboux chantant les grandes réformes et investissements macro-économiques.
Et voilà que derrière, on découvre que c’était un coup d’escroc du nouveau partenariat Macron- Françafrique. Macky Sall a signé une dette de 87 millions d’euros (57 milliards 259 millions de francs Cfa) auprès de la Banque publique d’investissement et du Trésor français pour les reverser à l’entreprise française Fanroche Eclairage. Cinquante mille lampadaires seront livrés au Sénégal à hauteur de 1 million 141 mille 365 francs Cfa par pièce ! Oui, un seul lampadaire solaire français éclaire comme la pleine lune ! C’est aussi l’empire colonial des Lumières qui gagne le marché d’installation de ces lampadaires à travers l’entreprise Eiffage. Quadrillage et phagocytage.
Le journal français Les Échos dévoile cet accord dégoulinant comme le plus gros marché d’éclairage public solaire dans le monde. Non seulement l’énormité vertigineuse du prix injecté pour une seule pièce relève de la stupidité, mais les intérêts à rembourser sont astronomiques ; et il faudrait des générations et des générations pour les rembourser. Par ailleurs, il y avait une trentaine d’entreprises asiatiques, américaines et européennes qui avaient fait des offres attractives. Mais Macky Sall a encore choisi d’enrichir la France, après lui avoir offert 568 milliards de francs Cfa pour 57 km de train TER, pour sauver l’usine française d’Alsthom qui était en voie de fermeture.
Macky Sall, homme providentiel de la France, est dans l’océan de la médiocrité des dirigeants africains qui passent dans l’anonymat bon aloi quand ils viennent en visite officielle à l’Élysée, mais n’apparaissent à la télé ou dans les journaux français que pour être moqués tels des roitelets écervelés. Comme le disait Casimir Delavigne : «On peut reconnaître de quatre manières que le flatteur est un faux ami : il approuve lorsque vous agissez mal, il approuve quand vous agissez bien, il proclame vos louanges devant vous et vous dénigre derrière vous.»
J. Rémy NGONO