Les parents d’élèves donnent un ultimatum à l’Etat jusqu’au mois d’avril, pour trouver des solutions face au non-respect des accords de 2014.
Faute de quoi, ils vont maintenir leurs enfants chez eux et pour de bon. Une position affichée, hier, lors de la grande marche des enseignants qui s’est soldée par la remise d’un mémorandum, au préfet de Podor.
(Correspondance) – S’il y a un secteur qui se porte mal et qui risque d’être à l’agonie dans le Fouta, c’est bien celui de l’éducation. En effet, dans le département de Podor où les enseignements sont paralysés depuis l’ouverture des classes, les syndicats d’enseignants les plus représentés sont passés, depuis hier, à la vitesse supérieure. Les enseignants affiliés au Sels, à l’Uden, au Cusems, au Saemss, au Sneel-Fc et au Sels-A ont sonné la grande mobilisation. Ce, à travers une marche pacifique encadrée par les forces de l’ordre, pour exiger un meilleur traitement dans leur profession. Ces derniers ont battu le macadam pendant plus de 2 heures, sous une forte canicule. Munis de leurs brassards rouges, tee-shirts, pancartes, foulards, tambours et autres trompettes, ils ont marché de l’école Elimane Racine Sy de Souyma jusqu’à la préfecture de Podor.
Les secrétaires généraux départementaux respectifs des syndicats précités ont tous tenu à dénoncer l’état des lenteurs administratives du dossier des enseignants, lesquels dorment dans les tiroirs, depuis plusieurs années.
En effet, dans le mémorandum remis au préfet Elimane Bâ, Abdou Sagna, coordinateur du G6, a vivement déploré le non-respect des accords signés en 2014, tout en regrettant surtout le non-respect des engagements du gouvernement. Et aussi la non mise à profit de l’année 2016 et 2017. Il a surtout été question, pour ces milliers d’enseignants qui sont descendus dans la rue, de déplorer surtout le non-respect de la non mise en solde, par le gouvernement, des résultats de l’étude sur le système de rémunération de la Fonction publique. Et qui a montré des disparités importantes en défaveur des enseignants. Pour Abdou Sagna, «il y a un manque notoire chez les autorités à respecter les engagements et les délais souscrits». Dans le mémorandum, le coordonnateur départemental du Cusems, Sidi Bodian, a par ailleurs dénoncé le «déficit énorme d’enseignants», la «prolifération des abris provisoires», les «effectifs pléthoriques», le «redéploiement intempestif et abusif des enseignants», ainsi que la «multiplication des classes multigrades notées dans les établissements scolaires».
Répondant à l’interpellation des différents syndicats d’enseignants, le préfet du département, Elimane Bâ dit comprendre les doléances de ses administrés. Mais que celles-ci ne relèveraient pas de son autorité. Mais fera-t-il savoir qu’il les transmettra à qui de droit, tout en promettant d’être fidèle dans son rapport. Quant à Malick Sakho, président de l’Association départementale des parents d’élèves qui a pris part à cette grande marche des enseignants, ce dernier dira que «les parents en ont marre de voir leurs enfants du matin au soir et chaque jour revenir à la maison, à cause des grèves». «Si l’Etat ne fera rien d’ici avril, les parents d’élèves ont décidé, désormais, de retenir leurs enfants chez eux et pour de bon. Cette décision prise par l’association des parents d’élèves sera répercutée dans toutes les régions, afin que les parents qui sont dans ces zones fassent de même», soutient-il. Avant d’annoncer qu’une grande mobilisation pour dire non aux sacrifices de leurs enfants sera faite dans les prochains jours.
Abou KANE