Les procédures actuelles appliquées aux investisseurs n’agréent pas l’Union européenne qui les trouve trop «lourdes, complexes et contraignantes».
Son représentant au Sénégal, Joaquin Gonzales-Ducay, l’a fait remarquer, lors de la cérémonie d’installation du tribunal du commerce hors classe de Dakar. Il estime que des efforts restent à faire pour améliorer davantage l’environnement des affaires.
Partout dans le monde, le secteur privé est considéré comme le moteur de la croissance. Du coup, il est au cœur des dispositifs économiques des pays développés. Mais, au Sénégal, tel n’est pas le cas. Le secteur privé local est laissé en rade dans la réalisation des grands projets de l’Etat. En effet, tous les projets et programmes du Plan Sénégal émergent (Pse) sont raflés par des entreprises étrangères, à savoir françaises, turques, marocaines et chinoises pour ne citer que celles-là.
Profitant de l’installation du nouveau tribunal du commerce hors classe de Dakar, l’Ambassadeur de l’Union européenne au Sénégal, Joaquin Gonzales-Ducay, n’y est pas aller avec le dos de la cuillère devant le ministre de la Justice, Ismaïla Madior Fall, pour critiquer la facilitation des affaires au Sénégal. «Permettez-moi, puisque Monsieur le ministre, je pense qu’on est entre des amis, entre partenaires et alliés qui se parlent franchement pour faire avancer les choses. En matière de conduite des affaires, les procédures demeurent encore un peu trop complexes», a déclaré le diplomate. Qui souligne que l’absence d’une justice équitable dans le monde des affaires constitue un obstacle majeur à l’investissement. «Parfois, nous recevons des critiques et des commentaires de nos partenaires. Les procédures lourdes, complexes et contraignantes ne contribuent pas toujours au développement du secteur privé. Donc, un système judiciaire qui n’est pas fort montre cette fragilité. Parfois, il est bon de le crier», a ajouté le patron de l’Union européenne à Dakar. Lequel rappelle que la mise en place d’un système judiciaire fiable et efficace a un impact direct sur la régulation économique. Mais aussi, relève-t-il, apporte une sécurité juridique indispensable au monde des affaires. Car, dit-il, permettant de renforcer la protection des investisseurs et réduire le délai d’exécution des contrats. «Une justice doit être en quelque sorte proche des citoyens pour renforcer encore cette démocratie vivante. Pour nous, Union européenne, je pense qu’aussi pour le pays, l’émergence du Sénégal et de l’Afrique toute entière ne se fera pas sans le secteur privé. Si on doit compter sur l’aide internationale pour s’en sortir, on ne s’en sortira pas. L’effort national est fondamental. Et, dans cet effort, le secteur privé doit jouer un rôle absolument fondamental», a-t-il souligné dans son intervention. Joaquin Gonzales-Ducay a aussi annoncé que l’Union européenne est en train de mettre en place un programme d’investissement spécial pour soutenir le secteur privé en Afrique. Doté d’un budget global de 80 millions d’euros, cette manne financière devrait permettre au secteur privé africain d’être plus efficace. «Les efforts doivent être poursuivis pour permettre de hisser l’environnement des affaires à la dimension des ambitions du pays dans le contexte du Plan Sénégal émergent», a-t-il conclu.
Adama COULIBALY