C’est le motocycliste qui a reçu la gifle du policier mais tous les Sénégalais qui ont vu la scène l’ont ressentie.
Et le communiqué que la police a sorti n’a guère joué le rôle d’une pommade sur une joue enflée. Derrière leur clavier, beaucoup de Sénégalais se sont indignés du geste du policier.
Pourtant, il n’y a pas si longtemps que cela, la même police s’est distinguée de la plus mauvaise des manières. En effet, pour avoir boycotté, le 25 janvier dernier, leurs compositions, les élèves du lycée Banque Islamique de Guédiawaye ont été matés par la police qui n’a pas hésité à balancer une grenade lacrymogène dans une salle de cours. Le sauve-qui-peut qui s’en est suivi a engendré de nombreux blessés parmi les élèves. Quelques jours avant, c’est la chambre 28 du pavillon des mariés (PM5) du campus de l’université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar qui était carbonisée par une grenade balancée par les forces de l’ordre. Les policiers auraient agi ainsi pour punir les filles qui leur auraient balancé des insultes. Résultats des courses : la chambre avec tout ce qu’elle contenait a été totalement réduite en cendres. Les exemples peuvent être multipliés.
Ceux qui ont regardé la vidéo ont sans doute remarqué la désinvolture du policier qui gifle. A aucun moment, il n’a mimé une parade. Il a agi comme s’il était fermement assuré que le père de famille qu’il gifle en public n’allait pas répliquer. Qu’est-ce qu’on apprend donc à l’école nationale de police ? Que les policiers sont formés pour être des Sénégalais à part, au-dessus de la loi ? Serions-nous donc en train de nous cotiser pour former et doter de moyens un groupe de la société chargé de corriger le reste ?
Tout comme la gifle reçue par le motocycliste, la convocation de l’auteur de la vidéo montrant la scène a aussi indisposé les Sénégalais. Sans ces images, le policier allait continuer à s’entrainer sur les joues des citoyens préparant un tournoi devant se tenir on ne sait où. En suspendant son élément gifleur, la police reconnait la faute. Alors, à défaut de tresser des lauriers à celui qui a permis de l’identifier, elle ne devrait guère l’inquiéter.
Cette violence aurait pu être tolérée si les policiers agissaient tous en modèle. Les chauffeurs qui dénoncent les tracasseries ne se cachent même. C’est devant caméras et micros qu’ils s’insurgent contre les billets qui leur sont soutirés. L’Office National de lutte contre la Fraude et Corruption (OFNAC) est si bien imprégné du mal de la police que quand il s’est agi de contenter les Sénégalais d’un rapport c’est sur les policiers qu’il a tiré. Le dernier rapport d’Amnesty international / Sénégal consacre de multiples sombres pages à la police. « Nous avons continué à enregistrer des décès en détention dans des commissariats de police, dans des brigades de gendarmerie. Il y a au moins quatre (4) personnes qui sont décédées dans les locaux de ces deux corps des forces de sécurité. Pour certains décès, on nous a dit que les détenus se seraient suicidés ce qui nous semble totalement invraisemblable parce qu’un détenu qui est en garde à vie, il est supposé être en vie », a observé Seydi GASSAMA, directeur exécutif d’Amnesty international / Sénégal. Seydi GASSAMA ne fait que relayer les complaintes de la famille d’Elimane TOURE. Démarcheur au Port autonome de Dakar, e dernier a été retrouvé mort dans les locaux du commissariat du Port le 16 février 2017. Le Bureau des Relations Publiques de la Police nationale a, dans un communiqué, renseigné qu’il s’agissait d’un suicide. Une version contestée par les proches de la victime. Un manque de confiance notoire.
Toute personne en mesure de tenir une matraque ne peut pas forcément être policier, douanier ou gendarme ? Toute personne portant un uniforme n’est pas forcément policier, douanier ou gendarme ? Amdy Laye MBENGUE a té envoyé en prison pour quatre ans parce qu’il se faisait passer pour un douanier. En dehors de l’allure et de l’accoutrement, il ya aussi la formation qui est fondamentale. La démocratie ce ne sont pas que des élections régulièrement organisées. La posture de la police peut tout aussi bien renseigner sur le caractère du régime en place.
Par Mame Birame WATHIE