CONTRIBUTION
Le peuple sénégalais, durant des décennies, a été assez spolié par des politicards véreux. Ce qui, d’ailleurs, se poursuit. Ces politiciens prédateurs ont pillé le pays, en s’accaparant de ses richesses à des fins d’enrichissement personnel, en lieu et place de les gérer de manière vertueuse, dans les règles de l’art et pour l’intérêt général. Face à la situation de prévarication qui prévaut au Sénégal, notamment les dérives à profusion qui en sont les conséquences, toute abstention d’un patriote, en ces moments précis, pourrait être assimilable à une prise de position ou attitude partisane en faveur du maintien du statu quo. D’ailleurs, on peut remarquer que ce sont les mêmes politiciens qui gèrent toujours le pouvoir au Sénégal et se le passent à tour de rôle, depuis l’indépendance. Et compte tenu de leur longévité au pouvoir, ils pourraient croire être en territoire conquis. Ou bien qu’en dehors d’eux, il n’existerait personne d’autre, capable de les remplacer et faire mieux. Ils ne seraient pas loin de penser qu’en dehors d’eux, ce sera le néant ou le déluge. Ce qui n’est qu’illusion ! Mais, il ne suffit pas de dénoncer leurs mensonges par des proclamations. Il faut beaucoup plus, en apportant des preuves concrètes sur le terrain.
Pour détrôner de tels politiciens véreux qui détiennent le pouvoir depuis fort longtemps et se sont tellement enrichis par lui, il faut disposer de suffisamment de forces patriotiques saines, unies, organisées, déterminées, disciplinées, lucides, etc., au sein d’un large front de salut national. Et ce serait une grave erreur d’appréciation ou de la naïveté que de prendre une telle tâche, comme chose très simple. Pour s’éviter des surprises désagréables demain, il faut envisager que le chemin sera rude, parsemé d’embuches de toutes sortes. Voilà pourquoi, il faudra rompre de manière définitive avec les sentiers battus et les méthodes archaïques et démagogiques des politiciens professionnels et liquider leur système de gouvernance. Pour ce faire, il faudra donc innover.
Pour remplir une tâche aussi capitale que celle de sauver une nation en péril et au bord du gouffre, il y a des préalables parmi lesquels le don de soi des patriotes qui la prennent en charge. Parce qu’il faudra rompre avec les pratiques politiques indécentes connues chez nos dirigeants politiques, comme les luttes de place, les égoïsmes et autres agendas de plan de carrière dissimilé… Mais également, mettre un terme à l’émiettement et la dispersion des forces vives et de progrès de notre pays, en faveur d’un grand rassemblement patriotique fort, dynamique, uni et homogène, etc., pour le seul intérêt du peuple sénégalais. Ce sera l’occasion pour le peuple sénégalais d’en finir avec les querelles byzantines, infantiles et opportunistes de ces formations politiques hétéroclites, incapables de s’entendre même sur un minimum, pour pouvoir cheminer ensemble vers le même but. En vérité, les raisons qui fondent leurs divergences et contradictions résident dans le fait qu’ils ne sont tous mus que par leur ambition personnelle, puisqu’ils veulent tous être portés à la présidence de la République. Ensuite, il faudra faire au peuple sénégalais, si longtemps trahi, une offre politique innovante et crédible, dans tous les domaines d’activité. Mais, une offre réaliste et réalisable dans un temps relativement raisonnable et loin de toutes promesses farfelues, démagogiques, intenables à terme. Comme dit le proverbe, «chat échaudé craint l’eau froide». Le peuple sénégalais ayant été, moult fois, victime de trahison par ses dirigeants, est au bord du désespoir et en est devenu méfiant à l’égard de tous.
Tout cela ouvre le chantier en direction de la refondation du pays ou plus exactement de la République, pour en faire un Etat de droit véritable et non fictif. Naturellement, un tel Etat de droit doit être celui dans lequel la justice sera équitable pour tous et qui n’admettra ni privilège ni impunité de qui que ce soit dans son champ d’action.
Au vu de la situation si grave du pays, aucun patriote conscient de ses responsabilités et devoirs citoyens, digne de porter ce nom, ne devrait, dorénavant, s’abstenir ou rester indifférent et croiser les bras. Au regard de toutes ces raisons, il me semble que le temps est venu à présent pour que les forces vives et patriotiques qui se reconnaissent en tant que telles mettent fin à leur immobilisme et indifférence. Une telle attitude de leur part est devenue inacceptable, à l’heure actuelle. Donc, toutes ces forces ont l’obligation et le devoir citoyen de se rassembler autour de l’essentiel et des préalables indispensables, dans un large front agissant solidairement pour le même et unique objectif, c’est-à-dire sauver notre pays du naufrage imminent qui le menace.
Ainsi, il est devenu un impérieux devoir pour tout patriote de se mobiliser dans le cadre de lutte le plus approprié, en vue de sortir son pays du gouffre dans lequel il est plongé par les régimes passés et maintenu par l’actuel. A notre avis, il n’existe pas, pour un patriote, de combat plus digne et noble que celui de prendre part à la libération de son peuple en difficulté et pris en otage. Il est important de bien préciser au passage que le front, pour lequel nous œuvrons et souhaitons vivement sa naissance, doit être celui où se côtoient des femmes et des hommes de tous les âges ayant la qualité de patriote et qui incarnent les valeurs fondamentales et intrinsèques de notre société (…) Par conséquent, au-delà des précautions énoncées par ailleurs, il faudra s’armer de beaucoup de vigilance et de doigté pour débusquer et éviter que les ignobles transhumants n’envahissent et ne s’accaparent de ce front-là, tant attendu. Il est, ainsi, du devoir de tous les patriotes d’identifier ces espèces, comme des prédateurs dangereux, donc indésirables dans un tel front.
Ce front de salut national qui suscite de l’espoir ne devrait accueillir que des patriotes, hommes et femmes honnêtes, intègres et vertueux de tous les âges et horizons. C’est-à-dire des hommes et femmes d’honneur qui attachent du prix à la parole donnée, donc incarnant les valeurs intrinsèques de la société sénégalaise d’antan. Autrement dit, il sera le réceptacle des meilleurs enfants de notre pays, ceux-là qui ont le culte du travail, de la discipline et du patriotisme. Ce sont là des valeurs cardinales indispensables, sans lesquelles aucun peuple ne pourra aller de l’avant. Des dirigeants, choisis et issus de ce creuset d’hommes et femmes, pourraient redonner espoir au brave peuple sénégalais qui a tellement subi de peine, qu’il ne sait plus à quel dirigeant se fier. Mais, il ne doit point perdre espoir. Qu’il prenne exemple sur un peuple tel que celui de la Chine populaire, qui n’a compté d’abord que sur ses propres forces pour se développer. En effet, voici un pays qui, en l’espace de 69 ans d’indépendance, est passé de pays agraire arriéré à la première place de puissance économique mondiale grâce à son travail opiniâtre, sa discipline de fer et son patriotisme (…)
Le peuple sénégalais a souffert par la faute de ses dirigeants politiques véreux et opportunistes, sans foi ni loi qui l’ont berné et trahi durant tout leur règne. Voilà des gens qui ne viennent en politique et au pouvoir que pour le seul objectif de s’enrichir avec leur agenda dissimilé de plan de carrière et non pour servir, comme sacerdoce, leur peuple. Et le large front patriotique, déjà en parfaite connaissance de cause de toutes ces pratiques et magouilles dans notre pays, aura la lourde tâche d’initier une démarche politique novatrice citoyenne, pour ne pas dire pionnière. Il devra aussi rompre définitivement avec la méthode des politiciens arnaqueurs de tout acabit qui ont pillé notre pays. Et le titre de mon dernier ouvrage qui pose la question suivante : «Le leadership politique en question en Afrique ou quels leaders pour une Afrique qui veut avancer ?» rentre parfaitement dans ce cadre de recherche de dirigeants répondant, enfin, aux vœux et ambitions nobles des peuples africains.
Face à toutes ces exigences, un large et ferme rassemblement s’impose à toutes les parties prenantes, comme une obligation, en vue tout d’abord de reprendre en main les conclusions des Assises nationales ; ensuite prendre en compte les recommandations de la Commission nationale de réforme des institutions (Cnri) ainsi que son projet de constitution, comme base, pour la refondation des institutions de la République.
Or, le temps qui nous sépare de l’échéance 2019 nous est bien compté. Par conséquent, plus de temps à perdre, il faut aller vite, mais sûrement, à l’essentiel, si nous voulons être fin prêts et présents à ce rendez-vous, combien important pour l’avenir de la nation sénégalaise. Enfin, au lieu de vouloir réinventer la roue, en recommençant un travail bien fait, nous gagnerions du temps en exploitant la riche moisson sortie des travaux des Assises nationales. Car c’est une œuvre bien faite, par des patriotes désintéressés qui ne l’ont accomplie que pour l’amour qu’ils portent à leur patrie. Il faut avouer, d’ailleurs, que de tels patriotes sont devenus une denrée rare dans notre pays. Pour autant, nous devrons en produire beaucoup dans le futur, si nous voulons avancer au rythme des temps modernes de ce XXIe siècle, c’est-à-dire celui du numérique.
La balle est, maintenant, dans le camp de toutes les forces vives et patriotiques sans exclusive de notre pays, sauf celles qui ne se reconnaissent pas comme telles.
Mandiaye GAYE
Dakar, le 12/02/2018