La commercialisation des oranges épluchées devient une activité lucrative pour les revendeurs détaillants, mais ces deniers ne se soucient guère des conditions d’hygiène et de conservation.
C’est le constat fait dans plusieurs points de vente de la capitale.
Souleymane revient du marché «Sandicat» de Pikine où il s’approvisionne en sacs d’oranges qu’il revend après les avoir épluchées. Cette activité, il l’exerce depuis quelques années. Etabli au bord de la route, à Grand-Yoff, il n’a souvent pas le temps de se laver les mains avant de procéder à son travail qui consiste à enlever le zeste (la peau des oranges). Il utilise un seul couteau pour éplucher la totalité des oranges contenues dans le sac qu’il vient à peine d’entamer. Pis, l’eau est quasi absente chez ce détaillant. Une fois épluchées, ces oranges ne sont point rincées avant d’être mises sur l’étal. S’y ajoute l’endroit dans lequel le commerçant est installé dont la propreté laisse à désirer. Les oranges épluchées ne sont pas couvertes. Elles sont exposées à l’air libre, à la merci des mouches et de la poussière. L’interlocuteur de WalfQuotidien se veut catégorique : que l’orange soit épluchée ou non, le prix ne varie pas. «Les oranges prêtes à être consommées sont plus vendues que celles ayant toujours leur zeste (couverture), même si les deux catégories ont le même prix, c’est à dire 25 où 50 FCfa», confie-t-il.
Autre lieu, même constat. Cette fois, ça se passe à Liberté 6. L’ambiance n’est pas sereine dans ce lieu où l’atmosphère est moins gaie. Elle grouille de monde. L’on n’arrive pas à circuler normalement. Son étal installé non loin d’une décharge d’ordures, Barry mène tranquillement son petit commerce. De temps à autre, il chasse les mouches qui survolent les oranges non couvertes à l’aide d’une tête de loup. Le contact permanent des oranges avec les rayons solaires, il ne s’en préoccupe guère. Tout ce qui importe pour lui, c’est le bénéfice qu’il en tire, rien que ça. Cela prime sur toute autre considération, au détriment de la santé des populations. Faisant sien l’adage selon lequel l’argent n’aime pas beaucoup de bruit, il refuse de communiquer son chiffre d’affaires. Tout ce qu’il accepte de dévoiler, ce sont les prix d’achat et de vente de sa marchandise. A la question de savoir si cette activité nourrit son homme, Barry perce l’énigme : «J’achète le sac à 12 000 Fcfa que j’arrive parfois à écouler en une journée. J’en tire un bénéfice de trois mille francs», confie le jeune vendeur mal fagoté.
La scène découverte ailleurs par votre serviteur est tout aussi alarmante. Casquette bien vissée sur la tête pour se protéger du soleil, Aly, 24 ans, vendeur d’oranges sur l’arrêt de bus situé sur les deux voies de Liberté 6, espace conquis par l’activité de commerce de fruits, utilise une brouette comme moyen de transport. Et il n’est pas le seul puisque plusieurs autres détaillants utilisent le même procédé. Outre les conditions d’hygiène qui se posent avec acuité, les épluchures d’oranges, au lieu d’être jetées à la poubelle, sont laissées à même le sol. Pas un mot ne sort de sa bouche, malgré les relances et insistances.
Dans plusieurs quartiers de la capitale (Fass, Gueule-Tapée, Colobane, Sacré-Cœur, Castors), le décor est le même. Les normes de conservation laissent à désirer. On les rencontre dans des arrêts de bus, les garages, au bord des grandes routes et des principales artères.
Les inconditionnels des oranges épluchées soutiennent avoir la paresse d’enlever par eux-mêmes le zeste ou très souvent ils sont en cours de route et ne disposent pas de couteau pour pouvoir le faire. Interpelés sur les dangers que peuvent entrainer ces oranges, ils minimisent sur le risque et soutiennent la thèse selon laquelle «un africain ne peut perdre la vie par la seule cause des microbes (sic)». Pourtant, certains vendeurs sont conscients du danger qui guette leurs clients, mais ils disent ne pas pouvoir y remédier du moment que leur souci majeur, c’est d’écouler leur marchandises pour pouvoir nourrir leur famille.
Pour le respect des normes d’hygiène et de sécurité, certaines populations mettent à l’index la responsabilité du Service national de l’hygiène et des autres services compétents de l’Etat, pour un contrôle plus strict de ces aliments vendus dans les rues.
Bineta BA
(Stagiaire)