CONTRIBUTION
Le Sénégal, pays dont on a souvent cru à la maturité politique de ses hommes est comme plombé, voire même empêtré dans le sable mouvant de « l’immergence ». Nous ne sommes pas encore sortis de l’auberge encore moins de l’obscurité. Il y a encore du chemin à faire. Et quel chemin ? Il est si long et si tortueux, qu’il est tracé par ceux-là qui depuis l’indépendance avaient cette lourde responsabilité de conduire et de bien conduire notre pays vers le développement. En effet, ils se sont toujours portés candidats pour briguer le suffrage des Sénégalais. Au final, la montagne n’accouchera que d’une affreuse souris. Si la politique dans sa quintessence voudrait que toute action menée soit celle pour le développement de la cité, il est certain et évident que la majorité de nos hommes politiques a d’autres desseins que d’œuvrer à hisser son terroir, voire son pays qui l’a vu naître et qui l’a forgée, au diapason des nations émergées. On doit se sortir de ce gouffre du sous-développement en se départissant de cette politique à double vitesse. Les Sénégalais, après avoir bien compris que depuis l’indépendance, promesses et semblants d’engagements ont toujours eu raison d’eux, doivent prendre leur courage entre deux mains pour débouter certains politiciens ayant vieilli sous le harnais et n’ayant jamais pu apporter des idées ou poser des actes contributifs au développement de notre pays. En fait, nous devons extirper ces politiciens aux idées colonisées et aux actes dictés par des forces exogènes extrêmement nuisibles et fortement néocolonialistes. Aujourd’hui, pour notre survie, nous devons opter pour des politiques et des dirigeants panafricanistes sans complexe devant les autres. Ne soyons point des suivistes à l’aveuglette ni des dirigés écervelés. Ne nous sacrifions pas, en devenant les complices des occidentaux, derrière nos dirigeants. Tous les pouvoirs qui se sont succédé ont, à mon avis, quelque chose de commun. En effet, le dénominateur commun et saillant est le fait qui consiste à se servir du pays sans se soucier de l’existence de l’écrasante majorité. Majorité qui les a hissés au pinacle en leur faisant entièrement confiance. En fait, les politiciens sénégalais dans leur majorité ont la prouesse « d’imbéciliser » les populations, de les réduire en bétail politique appauvri et, au final, d’objectiver leur salle besogne à la réduction de ce dernier en une horde de robots votants. Ils ont étrangement l’extraordinaire capacité de se liguer avec des forces endogènes voire même exogènes lugubres, pour constituer un noyau dur capable de dessiner des orientations en déphasage complet avec les vraies aspirations du peuple mais qui, malheureusement, sont en nette adéquation avec leurs ambitions politiciennes. C’est quoi leurs ambitions politiciennes ? Se maintenir au pouvoir, s’enrichir tout en permettant à leurs familles ou amis et progénitures d’avoir des greniers financiers pour le présent et pour le futur. Tous les moyens sont donc bons pour réaliser ces sataniques desseins. Pendant ce temps le banlieusard, le sénégalais des profondeurs, triment atrocement pour assurer le manger au quotidien, pour payer la scolarité de ses progénitures payer la facture d’eau et d’électricité, le transport les soins et j’en passe. C’est titanesque ce combat que la majorité des sénégalais doit livrer pour se sortir de se bourbier que les gens de la politique bananière ont réussi à l’empêtrer. Je disais dans une de mes contributions titrée «est-ce le moment crépusculaire au Pds ?», qu’au Sénégal le diable avait déjà pris la clé des champs parce que fatigué de voir sa queue tirée à longueur de journée par les gorgorlu sénégalais qui cherchent vaille que vaille à s’y accrocher. Simplement pour dire que l’espoir sur lequel s’accrochait bon nombre de sénégalais a quelque peu fondu comme beurre au soleil. L’espoir est-il sénégalais? En tous cas, si tous les sénégalais avaient en commun l’espoir de s’extirper du bourbier dans lequel les politiciens, depuis l’indépendance, ont fini de les emberlificoter, cet espoir tant espéré, excusez, a déjà entamé une action centrifuge par rapport à ces vaillants sénégalais. L’espoir est en train de nous fuir du fait de ces politiciens de la pire espèce. Ces politiciens mal intentionnés et très mal inspirés, chasseurs à outrance de primes, de sinécures, de lambris dorés, même s’il faut sacrifier tout un peuple, ne sont pas des patriotes ardents, profondément attachés à leur peuple. Du coup, ils deviennent des politiciens apeurants semant la crainte dans le peuple. Aujourd’hui comme hier, les Sénégalais sont encore dans l’expectative, dans la dèche, dans la peur, dans la précarité dans l’attente d’années meilleures. A quand les années meilleures ? Depuis Senghor à nos jours que n’a-t-on pas entendu comme promesses mirobolantes? Mais au final, autant en emporte le vent. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, les mêmes politiciens à quelques exceptions près, produisent exactement les mêmes faits politiques qui à mon avis sont globalement politiciennes et mensongères. Cela doit cesser. Acteurs politiques sénégalais de la meilleure espèce, pour nous sortir des crocs de ces politiciens de la pire espèce qui font légion, unissez-vous! Barrez-leur le chemin qui mène inéluctablement aux antipodes du développement! Les sénégalais en ont assez, la coupe est vraiment pleine. On a que foutre des engagements ou promesses sans lendemain. Qu’on nous épargne de ces slogans pompeux plus clinquants que chargés de réalités. La coupe est d’autant plus pleine que partout dans ce pays, ceux qui se lamentent aujourd’hui parce que confinés dans la pénombre et les affres de la pauvreté, dépassent de très loin ceux qui ne sont pas dans le besoin parce que baignant dans l’opulence ou nantis comme crésus pour faire face aux dépenses quotidiennes. Les gorgorlu sont légion dans ce pays. La pauvreté gagne inéluctablement du terrain et est malheureusement assortie de ses hideuses facettes que sont le banditisme et les mœurs en dégradation exponentielle. Les politiques sérieuses, bien pensées, dont les retombées économiques devraient être distribuées d’une manière horizontale et sans discrimination ni iniquité afin de sortir notre pays de cet d’imbroglio, sont à mon avis sans consistance ni envergure. Elles ont une très forte dose politicienne mensongère ce qui, pour la plupart, sont vouées à l’échec. Hier, avec Senghor, on nous a fait croire que le Sénégal sera comme la France que Dakar sera certainement comme Paris en l’an 2000. D’ailleurs nous qui étions très jeunes à l’époque quand ce slogan a été mis dans l’air, avions tellement respiré cet air «sloganesque», excusez du néologisme, jusqu’à l’asphyxie que nous avions été inspirés d’appeler notre association créée dans les années 70, Espoirs De l’An 2000. Certains habitants d’Oussouye pourront se souvenir de ce nom de club d’amis de l’époque. N’eût été le président Abdoulaye Wade et ses quelques réalisations, le Sénégal serait resté sous une facette coloniale au point de vue infrastructures même si nous sommes devenus théoriquement indépendant depuis 1960. Aujourd’hui comme hier, le slogan, qui est en vogue dans l’air, c’est bien le Plan Sénégal émergent (Pse). Est-ce donc vrai que notre cher pays depuis belle lurette, est encore dans l’abysse, malgré tous les programmes de développement que les régimes successifs ont eu à proposer au sénégalais? Ceci me conforte bien sur ce que je disais tantôt à propos de nos hommes politiques qui nous tympanisent avec des promesses et engagements pour être élus et qui une fois sur les prébendes, se sucrent à volonté et salent à outrance la quasi-totalité des pauvres sénégalais, tout en maintenant le pays, en campagne électorale permanente. On nous mène en bateau, on nous oblige à devenir et à rester de gros rêveurs, grâce à la magie des programmes de campagne bourrés de promesses mirobolantes et de très forts engagements vides de substances jusqu’aux prochaines élections ainsi de suite et ainsi de suite. Tel le cycle de «Krebs», version politicienne, sévissant depuis l’indépendance à nos jours. Rien de changé, pas de rupture conséquente. Nous risquons d’avoir à résoudre un problème situationnel qui va aller de mal en pis, au moment où les autres prendraient déjà le train de l’émergence. Nous courons le risque de rester immergés dans les abysses du sous-développement. Aujourd’hui comme avant hier, il n’y a pas eu les ruptures tant attendues et si bien criées par les dithyrambes professionnels partout au Sénégal. Cette rupture qui devrait se faire en horizontale, se révèle très verticale, sans convaincre. Comme le notent bon nombre de Sénégalais avertis et observateurs de la situation politique de notre pays. Nous sommes tous apeurés.
Diokel NDIAYE
Sathiour à MBOUR