Des proches de Mamadou Dia, homme politique sénégalais qui a lutté pour l’indépendance du Sénégal, veulent plus de reconnaissance pour ce dernier. Ils l’ont réitéré, hier, lors de la commémoration du décès de ce dernier.
«On ne comprend pas que quelqu’un qui a dirigé le Sénégal, qui en a été un sénateur, un conseiller général, député, vice-président du gouvernement, travaillé à l’indépendance du Sénégal dans le cade de la Fédération du Mali, créé la République du Sénégal, qu’aucun monument, lycée, rue, place, école, faculté ne porte son nom. Je trouve cela scandaleux. Le Sénégal ne peut pas se permettre cela. On reproche à tout le monde quelque chose, à Lamine Guèye, Cheik Anta, Senghor… Mais, ils ont des monuments dont ils sont les parrains. Nous invitons toutes les autorités à corriger cette indifférence», a plaidé, hier, El hadj Ndiaye Diodio, dirigeant du parti politique «Tarou Sénégal». Il s’exprimait dans le cadre de la commémoration du décès de Mamadou Dia. Cette célébration a été portée en partie par des jeunes. «Le but du mouvement est de promouvoir le panafricanisme au Sénégal. Dans nos études, du primaire à la terminale, on ne nous apprend pas réellement Mamadou Dia. On nous souligne tout simplement le coup d’Etat de Mamadou Dia», explique Awa Ndiaye, coordonnatrice du mouvement des jeunes Madibaristes.
Ahmet Dieng, un proche de Mamadou Dia au plan politique, témoigne : «Il est le type de Sénégalais dont nous avons besoin. Il y avait Dieu dans tout ce qu’il faisait. Cela n’a pas bloqué ses analyses intellectuelles. C’est un homme ponctuel. Au Sénégal, les gens s’amusent avec le temps. Il avait une capacité d’écoute, de mémorisation et de synthèse extraordinaire. Sa façon de voir le monde était juste de développer son pays. Tout le problème découle de cette pagaille de l’arachide qu’il voulait corriger. Il s’amusait à dire qu’il a tous les pouvoirs et que, donc, il n’a pas besoin de faire un coup d’Etat», témoigne-t-il. Avant de s’indigner qu’on ne célèbre pas assez Mamadou Dia. «Ceux qui devaient le faire n’avaient pas intérêt à le faire. Aujourd’hui, c’est une nouvelle génération qui le connait moins. Au Sénégal, on n’a rien fait. Certaines personnes ont travaillé à le rendre anonyme. Il disait : +On a enterré mes actions mais la vérité finira par triompher+», confie M. Dieng.
La commémoration du décès de Mamadou Dia s’est faite à la Fondation Frederick Ebert à travers la projection d’une vidéo suivie de témoignages et débats. Le film revient sur le parcours de Mamadou Dia, accompagné de témoignages. Pour rappel, Mamadou Dia, né le 18 juillet 1910 à Khombole, est mort le 25 janvier 2009 à Dakar. Homme politique sénégalais, il fut le Président du Conseil du Sénégal, l’équivalent du Premier ministre, de 1957 à 1962.
Emile DASYLVA