Étudiants et policiers se sont livrés à une intifada hier, au cours d’une manifestation qui a causé plusieurs blessés chez les pensionnaires de l’Ucad.
Le campus social a été transformé en champ de bataille, avec la chambre 28 du Pavillon des mariés réduite en cendre.
Amertume, désolation, angoisse… sont les maîtres mots qui règnent chez les étudiants de l’Ucad. Ils ont manifesté leur mécontentement, hier, à travers une manifestation de rue. Ils ont bloqué l’avenue Cheikh Anta Diop par de grosses pierres, des troncs d’arbres, des pneus. Le décor du temple du savoir est complètement défiguré. Rien n’échappe à cette métamorphose. De la petite porte qui se trouve en face du dancing Just 4 you en passant par le couloir de la mort jusqu’à la corniche, c’est partout un spectacle de désolation. Des étudiants avec des fronts ensanglantés, de la sueur et pleurnichant pour d’autres. Ils se défoulent dans le campus livré à la merci des protagonistes, en scandant l’hymne des étudiants : «Etudiants, étudiants, combattants de la liberté» ; «Nous voulons la liberté».
Ces affrontements entre policiers et étudiants auront causé plusieurs blessés chez ces derniers. Une chambre du Pavillon des mariés a également été réduite en cendres. Du côté des manifestants, on dénombre des blessés : «Nous avons enregistré, pour le moment, 8 blessés. Ils sont actuellement au service médical. Ce qui n’est pas normal, c’est déplorable».
Les manifestants dénoncent en outre le comportement des forces de l’ordre qui, non contentes de violer les franchises universitaires, auraient commis des actes de vandalisme. Modou Diouf, délégué à l’Amicale de la Faculté des lettres et sciences humaines (Flsh), accuse : «Je suis témoin oculaire. C’est un policier qui a visé directement la chambre 28 pour y mettre le feu». Et de mettre en garde : «Nous lançon un appel aux autorités pour qu’elles prennent des décisions fermes avant qu’une autre affaire Bassirou Faye ne se répète».
Toujours dans la foulée des manifestants, une autre voix se lève : «Ce qui s’est passé cet après midi à l’Ucad est inadmissible pour un Etat digne de ce nom et qui se respecte. Les autorités ne parviennent même pas à assurer le paiement des bourses à temps. Nous sommes en train de courir derrière nos bourses depuis le 2 décembre». A côté de notre interlocuteur, Diène Faye, président de l’Amicale des écoles et instituts, se confie : «Les étudiants n’ont fait que revendiquer leurs bourses. Nous ne pouvons plus accepter les violations des franchises universitaires. On ne saurait accepter de réclamer un droit et être mal traités à ce point. Nous disons non», peste-t-il.
Toutes les amicales de l’Ucad ont fait front commun pour déplorer la violation des franchises universitaires, par les forces de l’ordre dans le campus social. Parmi les revendications des étudiants, on peut noter la question des bourses, les manquements au niveau du Master. Dans ce même ordre d’idées, les étudiants ont pris à témoin l’opinion publique. «Nous ne pouvons pas comprendre que ces éléments du Gmi (Groupement mobile d’intervention) chargés de nous sécuriser entrent dans le campus social, pour des brimades. Il faut que cela cesse. Leurs actes sont incommensurables», déclare le président de la Commission sociale de l’Amicale des étudiants de la Faculté de sciences juridiques et politiques (Fsjp). Avant de mettre en garde : «Nous interpellons les autorités. Nous n’avons pas pour le moment fait le tour des hôpitaux, mais ce qui est sûr, c’est que la chambre 28 du pavillon des mariés a été enflammée. Il y a certainement d’autres dégâts, il reste à les recenser. Ils ont violé les franchisses universitaires».
Salif KA (Stagiaire)