CONTRIBUTION
C’est avec consternation et une grande tristesse que j’ai appris le carnage qui a été perpétré par des malfrats, tapis dans la forêt de Bofa Bayotte, dans le Boutoupa Camara Kounda. Au moment où la presse privée (radios, sites internet et télévisions) en parlait en fin de journée du samedi 06 janvier 2018, ma colère fut grande quand j’ai vu que notre télévision nationale, celle qui est financée par nos pauvres impôts, n’en parle pas dans son journal de 20 heures. Aucun commentaire de journaliste ni intervention d’une personne ressource comme si c’était un fait divers alors qu’il y a mort d’hommes. Même s’il était impossible d’avoir des images venant de l’hôpital de Ziguinchor, il était tout de même plus indiqué d’être en relation avec leur correspondant pour qu’il relate plus ou moins ces faits gravissimes d’une autre époque. Non, à la place on nous sert la cérémonie de présentation de vœux des corps constitués et des institutions de la République au Président Macky Sall, ce qui est dans leur mission. Pour autant, je pense que les responsables de la Rts ont failli ce jour car une telle tragédie ne peut pas être passée sous silence.
Nous avons l’habitude de relayer les attentats terroristes qui se déroulent en Occident ? Même s’il y a un seul mort, l’information est diffusée à longueur de journée avec parfois des commentaires de certains spécialistes africains. S’il s’agit d’un attentat en Afrique, quel que soit le nombre de victimes, on crie au scandale dénonçant le traitement médiatique qui est réservé à l’évènement. Alors comment voulons-nous condamner le traitement à deux vitesses de telles barbaries si nous-mêmes Africains, passons sous silence notre propre situation ? Cette tuerie barbare qui a occasionné la mort de treize (13) de nos compatriotes, ne doit pas être traitée de cette manière par la Rts.
La télévision nationale n’a commencé à en parler que lorsque le gouvernement a sorti un communiqué. Je trouve cela scandaleux. Je ne suis pas un professionnel du journalisme. Mais, pour moi, le bon sens nous commande d’avoir une certaine compréhension du service public de l’audiovisuel. La mission de service public de l’information ne se résume pas à la diffusion exclusive des activités du président de la République, de la Première Dame, des membres du gouvernement et des partis de la mouvance présidentielle. La mission de service public doit s’intéresser à tout ce qui rythme, positivement ou négativement, la vie quotidienne des citoyens sénégalais. Vous me direz que cela est fait tous les jours. Qu’à cela ne tienne !
Pour ces évènements douloureux, la télévision nationale a manqué à sa mission. Je lance un appel solennel aux autorités publiques pour qu’elles recadrent la direction de la Rts et lui rappellent ses missions fondamentales. De tels manquements sont inacceptables et doivent être dénoncés avec la plus grande fermeté. Ces pratiques d’un autre âge sont à bannir à jamais. Au-delà de ses missions d’éducation, de sensibilisation et d’information, le service public doit également être au service exclusif de l’intérêt général, sans discrimination aucune.
L’égalité des citoyens devant l’accès à une information juste et vraie doit être de rigueur. Cela participe au renforcement des valeurs qui font le socle auquel est adossé notre commun vouloir de vie commune.
Djibril FAYE
Membre du Bureau politique
Parti socialiste du Sénégal