En sa qualité de président du Collectif des jeunes chefs religieux du Sénégal, Serigne Modou Bousso Dieng, déplore le fait que le chef de l’Etat ne fasse le déplacement dans la cité religieuse, en dehors du grand Magal de Touba, qu’en cas de disparition d’un dignitaire religieux.
«En dehors du Magal, il ne vient à Touba qu’à l’occasion du décès d’un Khalife ou d’une autre personnalité religieuse de marque. Cela fait mal à tout le monde, particulièrement aux différentes familles religieuses de Touba. Nous avons plusieurs fois dénoncé cela, mais la pratique continue. Bien au contraire, elle se réitère de la pire des manières», a déclaré le jeune marabout, dans le cadre d’un témoignage sur le défunt Khalife général des mourides, Serigne Sidy Mokhtar Mbacké. Pour lui, cette situation n’est pas sans conséquences, surtout sur le plan politique. «C’est l’une des raisons pour lesquelles le président de la République, Macky Sall, n’est pas trop aimé à Touba. Et c’est aussi ce qui explique qu’il n’arrive toujours pas à gagner Touba dans une élection. Tant que cette attitude n’est pas révisée, cette ville religieuse ne sera jamais acquise à sa cause», prévient-il.
Faisant la comparaison entre le chef de l’Etat et ses prédécesseurs, Serigne Modou Bousso Dieng fait savoir que tous les autres présidents ont inscrit la visite dans les foyers religieux dans le calendrier républicain. Il en est ainsi, selon lui, depuis l’époque de Léopold Sédar Senghor jusqu’à celle d’Abdoulaye Wade en passant par Abdou Diouf. «Chaque chef de l’Etat visitait Touba tous les trois mois, conformément au calendrier républicain. Il arrivait que Wade fasse une dérogation positive à la règle en ne respectant pas les trois mois. Aucun président de la République ne doit transgresser cette tradition républicaine», prévient-il.
Revenant sur la vie et l’œuvre du défunt Khalife général des mourides, le président des jeunes chefs religieux du Sénégal évoque ses rapports particuliers avec l’ex-patriarche de Gouye Mbind. «Le défunt khalife était un ami. Il avait un sens élevé de l’écoute et avait l’habitude de recueillir les doléances des populations et leur apportait des solutions. Je garde de très bons souvenirs de lui. Nous réaffirmons notre allégeance auprès du nouveau Khalife général des mourides, Serigne Mountakha Bassirou Mbacké».
Au chapitre du massacre de Bofa qui a coûté la vie à 13 jeunes sénégalais, Serigne Modou Bousso Dieng en impute la responsabilité au chef de l’Etat qui a ressuscité la rébellion, lors de son traditionnel discours à la Nation. Il voit, à travers cette action, une politisation du dossier casamançais qui n’aurait pas dû l’être. «Ce qui s’est passé en Casamance traduit l’expression d’un grand banditisme qui ne dit pas son nom, au nom d’une rébellion qui n’existe plus. Ce sont des bandits qui sont à l’origine de la tuerie de samedi dernier, du moment que le Mdfc (Mouvement des forces démocratiques de la Casamance) a nié toute implication dans cette tuerie. Dès lors, on ne plus considérer que ce sont des rebelles, mais plutôt des malfaiteurs. C’est un coup dur». Lançant un appel à la classe politique à l’aube de cette nouvelle année 2018, Serigne Modou Bousso Dieng pense qu’on va vers des élections. Raison pour laquelle, il appelle les autorités en charge des élections à faire preuve de neutralité et de transparence dans le processus électoral. Et aussi de tirer les leçons des législatives où des populations de Touba ont été privées de vote, suite à des dysfonctionnements imputables à l’administration électorale.
Pape NDIAYE