Triste début d’année pour les journalistes sénégalais, qu’ils soient agents des médias publics ou privés.
Alors que des larmes continuent de couler suite à la fermeture de l’hebdomadaire généraliste Nouvel Horizon, les travailleurs de l’Agence de presse sénégalaise (Aps) se font entendre d’une si émouvante manière. Leur premier salaire de 2018 tarde à bomber. Parallèlement, des prestataires et contractuels ont été mis à la porte.
Se lever un jour et entendre qu’un média public a mis la clé sous le paillasson. Cela pourrait paraitre surréaliste, mais ce qui se passe à l’Agence de presse sénégalaise est symptomatique d’une presse sénégalaise en crise. Les travailleurs de cette branche publique des médias n’ont toujours pas perçu leur premier salaire de 2018. Et ils l’ont fait savoir, hier, dans un communiqué, qui en dit long sur la situation financière de leur entreprise : absence de salaire et de couverture médicale, arrêt brusque de travail des contractuels et prestataires, difficultés de paiement des salaires et autres droits financiers du personnel… Conséquences : un fil blanc dès mercredi sur le site de l’Agence de presse sénégalaise (Aps), sit-in au siège de l’entreprise et convocation du directeur général à la direction du travail pour confrontation avant la rédaction d’un mémorandum et le dépôt d’un préavis de grève.
Cette triste réalité à l’Aps doit ouvrir les yeux à tous ceux qui tirent leurs revenus des médias. Le ciel est déjà sombre pour la presse sénégalaise. En moins de dix ans, de nombreux journaux ont disparu du paysage médiatique au gré des contingences politiques et économiques. Ces tribulations socio-économico-politiques donnent également naissance à de nouvelles publications. Issa Sall, désormais ex-directeur de publication de Nouvel horizon tente de trouver une explication à cette quasi situation de crise de la presse sénégalaise. Il estime dans les colonnes de Jeune Afrique que la réalité économique générale ainsi que la conjoncture médiatique sont aujourd’hui très différentes de ce que l’on pouvait trouver il y a dix ans. De quelques rares feuilles en 2000, analysait, en 2011, l’ancien Président Abdoulaye Wade, il y a, à présent, foison de journaux quotidiens, hebdomadaires, etc. Mais, c’est leur viabilité économique qui pose problème. Souvent, ceux qui créent des journaux ne sont pas imprégnés de leur mode de fonctionnement. Le numérique et les médias audiovisuels ont imposé une concurrence féroce à la presse écrite au Sénégal où le taux d’analphabétisme frôle les 60% de la population. Et avec cette situation alarmiste de la presse sénégalaise, il ne faudrait pas s’étonner de voir d’autres médias bien connus du public fermer boutique. Parce que, selon une étude 2015 de l’institut Omédia, le marché publicitaire estimé à plus de 15 milliards francs Cfa n’est pas bien structuré. Et cette situation d’inégalité commence à créer une pseudo fronde contre les pouvoirs publics. Face à la mauvaise répartition du marché publicitaire, le patron de la 2stv, Elhadj Ndiaye, a annoncé qu’en 2018, sa chaîne ne couvrira plus les manifestations des ministres s’ils ne s’acquittent pas des frais de publicités.
Baba MBALLO