Les élections législatives ont retenu les attentions de cette année finissante. Avec la pléthore de listes jamais égalée dans l’histoire politique du Sénégal, les législatives de 2017 ont battu le record des irrégularités.
Dans l’organisation comme dans le déroulement du scrutin, les dysfonctionnements ont été manifestes. 47 listes de partis et coalitions de partis ont pris part à ces joutes électoralistes. Cela a inquiété la classe politique dans son ensemble et les acteurs de la société civile sur ses effets dans la gestion du matériel électoral et le déroulement du scrutin. Ce nombre pléthorique a influé négativement sur le processus électoral. De ce nombre pléthorique de liste, c’est une dizaine voire quinzaine qui finiront par sortir du lot.
A l’issue de la proclamation définitive des résultats des législatives par le Conseil constitutionnel, la coalition Benno Bokk Yaakaar se taille la part du lion avec 125 députés suivie de celle gagnante Wattu Senegaal avec 19 élus du peuple, Manko Taxawu Senegaal 9 députés, le Parti de l’unité et du rassemblement (Pur) 3 députés, la convergence patriotique Kaddu Askan Wi de Abdoulaye Baldé s’en sort avec deux députés. Le reste sera complété par les coalitions de Ousmane Sonko, Cheikh Tidiane Gadio, Aïda Mbodj… qui s’en sorte chacune avec un député.
Le pouvoir accusé d’avoir financé des listes
Du côté de l’opposition, c’est le camp du pouvoir qui est accusé d’avoir entrainé cette situation par le financement de listes. Le Président Macky Sall en serait le principal instigateur. C’est le maire de Mermoz-Sacré Cœur, Barthélémy Dias, qui sera le premier à vendre la mèche. Dans une de ses sorties, il assure, arguments à l’appui, «que les soutiens de Macky Sall pour les législatives ne se comptent pas que dans Benno bokk Yaakaar». D’autres formations politiques, à l’entendre, «rouleraient pour lui». Barthélémy Dias en compte une demi-dizaine. Qui sont, selon lui, «parrainées et financées par le chef de l’Etat». Dans un enregistrement sonore, Clédor Sène revient à la charge. A l’en croire, «le pouvoir aurait financé au moins une trentaine de listes». La liste de la coalition Mbollo Wade de Farba Senghor et Papa Samba Mboup ainsi que celle de Aïda Mbodj (And Saxal Liggey) seront pointés du doigt comme ayant bénéficié de financement du Président Macky Sall
Un dialogue politique en panne
La réplique n’aura pas tardé à arriver. Face à cette pléthore de listes, le président de la République a prôné le dialogue pour soulager les électeurs qui ne manqueront certainement pas d’être indisposés. Raison pour laquelle, il avait interpellé la Commission électorale nationale autonome (Cena) afin de remédier à ce problème. Pour y arriver, Macky Sall conseille l’établissement de discussions entre les différents acteurs politiques du Sénégal. C’est d’ailleurs, ce qu’il a demandé à cette instance chargée de veiller à la bonne marche des élections. Et ces échanges concerneront l’ensemble des acteurs politiques, qu’ils soient de l’opposition, du pouvoir, des indépendants… Les 47 listes qui ont reçu l’aval pour participer aux joutes électorales du 30 juillet font peser des suspicions de fort taux d’abstention du fait que l’électeur pourrait être découragé par le temps qu’il risquerait de passer avant de s’acquitter de son devoir civique.
Du côté de la société civile, on a également regretté cette situation. Le directeur exécutif de l’Ong 3D «Décentralisation, droits humains et développement local», Moundiaye Cissé, a estimé, dans une de ses sorties, que la pléthore de partis politiques au Sénégal engendrait une situation regrettable pour la démocratie sénégalaise et la consolidation de l’Etat de droit. «On a toujours dénoncé la profusion de partis politiques. Aujourd’hui, cela se répercute sur les élections législatives et ira peut-être même jusqu’à accroître le taux d’abstention» aux élections, avait averti M. Cissé dans les colonnes du quotidien national. Pour lui, «l’effectif total de quelque 250 partis politiques déclarés au ministère de l’Intérieur est tellement énorme pour le Sénégal qu’une absence de visibilité et de lisibilité du jeu politique pourrait en découler». Ce qui va se manifester après la proclamation des résultats où les contestations ont fusé de partout.
Magib GAYE