Qu’a réellement fait l‘économiste togolais pour être suspendu début décembre de son poste de directeur de la Francophonie économique et numérique au sein de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF)?
Difficile de connaître les motivations de cette décision, tant il n’y a jusqu’ici aucune explication officielle.
Toutefois, des médias et des observateurs estiment déjà que Kako Nubukpo aurait été victime de ses déclarations médiatiques très tranchées contre le franc CFA. Et la tribune publiée par Kako Nubukpo le 29 novembre dernier sur le site du Monde semble avoir accéléré le processus. Intitulé « Franc CFA : les propos de M. Macron sont ‘‘déshonorants pour les dirigeants africains’‘ », le texte dénonce une acception « imprécise et caricaturale » du président français Emmanuel Macron sur la monnaie.
Convoqué à la direction de l’OIF pour des besoins « disciplinaires », pour non-respect du droit de réserve, l’ancien ministre togolais de la prospective a refusé de démissionner de son poste.
La déclaration de l‘économiste a sans doute gêné (et même agacé) des dirigeants francophones dont Alassane Ouattara. Lors de l’Assemblée générale de l’ONU, le président ivoirien a dit à Michaëlle Jean, secrétaire générale de l’OIF, ne rien comprendre des sorties de Kako Nubukpo.
Or, ce n’est pas la première sortie médiatique du genre. En septembre dernier, Kako Nubukpo avait publié dans Jeune Afrique une tribune intitulée « Franc CFA : contre la servitude monétaire ».
Une manière d’emboîter le pas au Français Kemi Seba qui avait fait le buzz en brûlant en public un billet de 5 000 francs CFA en août dernier à Dakar. « Ce n’est pas Kemi Seba qu’il aurait fallu arrêter, mais bien la conspiration du silence qui a longtemps prévalu autour de cet enjeu. Qu’on songe aux dénégations rituelles des ministres français des Finances à propos de la responsabilité – pourtant évidente – de la France dans cette dépendance monétaire, à la politique de l’autruche adoptée par les chefs d’État africains…. », pouvait-on lire. Des chefs d’Etat « dont la crainte d’aborder la question est d’autant plus forte que leur légitimité est de plus en plus contestée face à une jeunesse impatiente et désœuvrée».
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