Le juge du tribunal de grande instance de Kolda a condamné, mercredi dernier, Sékou S. à trois ans de prison ferme pour pédophilie. Le coupable avait demandé une réduction de peine.
(Correspondance) – Traumatisé sans doute par ce qu’elle a vécu, Aminata T. avait, avant-hier, à la barre du tribunal de grande instance de Kolda, son corps collé à celui de son papa. Tout au long du procès, vêtue d’un bazin de couleur jaune, elle n’a pas lâché un seul instant la main droite de son père. Son bourreau, lui, Sékou S. ne les a pas regardés. Pas comme il l’avait fait lorsqu’il a déshabillé, en brousse, Sira T. et Aminata T., deux fillettes âgées entre 8 et dix ans, vivant au village Sandion de Boukiling, pour les violer. A la barre, Sékou S., barbe blanche, cheveux crépus, habillé d’un blouson bleu-blanc, n’a pas froncé les sourcils pour raconter au juge le délit qu’il a commis. «Je les ai déshabillées, ensuite j’ai baissé mon pantalon, sorti mon sexe pour les pénétrer. J’ai démarré par Sira, puisque Aminata n’avait pas accepté que je la pénètre en premier. J’ai tenté d’introduire mon sexe, mais elle a refusé. Je n’ai pas éjaculé sur elles», déroule Sékou S., les yeux rivés sur la cour. Derrière lui, des paroles de personnes dépitées, comme pour le maudire d’avoir transgressé un interdit. Ensuite, le président du tribunal calme l’assistance. Sans avocat, Sékou S. affirme avoir fui, après son acte délictuel. «Parce que j’ai vu leur frère venir. C’est lui qui a ramassé mes chaussures», précise le prévenu. Qui corrobore les déclarations des deux fillettes, interrogées auparavant par le juge. Sékou S. sentant l’étau se resserrer sur lui, convoque la perte, parfois, de ses facultés mentales, estimant n’avoir jamais fait de rapports sexuels et disant qu’il est célibataire. Pis, il confie qu’il n’a pas de carte d’identité, donc ne connaissant pas son âge réel.
Dans son réquisitoire, le procureur déduit que l’accusé a plus de 50 ans et qu’il jouit de toutes ses facultés mentales. «Le prévenu voulait découvrir pour la première fois le plaisir charnel. C’est un individu très dangereux pour la société qui est en train de faire un film sur l’anatomie de la femme. Puisqu’il sait s’il pénètre les fillettes par devant, elles vont saigner du sang, il a préféré les pénétrer par l’anus», argumente le procureur Moussa Diallo. Avant d’ajouter : «Sékou a choisi des fillettes de 8 à 9 ans pour commettre ces actes sataniques, étant donné qu’il a peur des femmes». Estimant qu’on ne peut pas mesurer la gravité des faits commis par le prévenu, le procureur poursuit en indiquant que ce que les victimes ont subi, dépassent le cadre du procès. «Cela va être violent durant toute leur vie, dès qu’elles seront devant un homme, à plus forte raison leur époux. Elles ont besoin d’un suivi psychologique», dit le procureur avant de demander une peine de cinq ans ferme de prison contre Sékou S.
Pendant plus d’une heure d’audience, Sira T. et Aminata T. tenaient toujours debout, à côté de leur père qui n’a réclamé aucune réparation pécuniaire, de même que la maman des victimes.
Après avoir délibéré, le juge a condamné Sékou S. à trois ans de prison ferme, après qu’il a demandé à la cour de lui accorder un an de séjour carcéral.
Walf Quotidien