C’est sans précèdent : jusque-là interdite car considérée comme Bid’ha, c’est-à-dire une invention dans la religion, la célébration du Maouloud commémorant la naissance du prophète Mouhamed (Psl) est désormais admise à La Mecque.
Elle l’a célébré hier, au même titre que les autres pays musulmans comme le Sénégal et le Maroc. Ce qui confirme davantage l’ouverture de l’Arabie Saoudite.
Le fait est inédit. L’Arabie Saoudite suit les traces des autres musulmans qui s’illustrent dans cette pratique, notamment le Sénégal, le Maroc, l’Egypte et d’autres pays du continent asiatique. La célébration du Maouloud (naissance du prophète de l’Islam, Mouhamed) est admise à La Mecque où elle a été célébrée hier. Une sorte de bouleversement sans précèdent qui témoigne de la légalisation d’une pratique jusque-là interdite, car considérée comme Bid’ha, c’est-à-dire une invention dans la religion. Depuis l’Arabie Saoudite, El Hadji Sidy Lamine Niass en témoigne : «On assiste à une situation exceptionnelle ici en Arabie Saoudite. Depuis 30 ans, j’y viens régulièrement pour effectuer la Oumra, appelée aussi le petit pèlerinage. Je trouvais un vide chaque année. Les hôtels étaient sans clients, il n’y avait pas auparavant une ruée dans ces lieux. Ceux qui célébraient le Maouloud le faisaient en cachette dans un cadre privé. Mais depuis trois ans, la tendance est renversée car un grand nombre de musulmans vient effectuer le petit pèlerinage». Aujourd’hui, la tendance est autre : «Cette année, le nombre a augmenté car un chiffre très important de fidèles vient au mausolée du prophète Mouhamed (PSL). C’est comme si on est en plein pèlerinage car même la Kaaba est prise d’assaut par les musulmans. Des réservations sont faites dans certaines structures hôtelières. Il y a une évolution en quantité et sur la manière de faire. On voit des chants comme on le fait au Sénégal, à la seule différence que ce sont des Hindous et des Pakistanais qui s’y attèlent, avec des déclamations où on chante les louanges du prophète Mouhamed».
La déduction toute faite de Sidy Lamine est qu’«on peut bien considérer que l’Arabie Saoudite vit à l’ère du Sénégal dans la célébration du Mouloud qui commémore la naissance du prophète de l’Islam». «Le droit à la différence et la liberté religieuse est une réalité bien évidente ici en terre saoudienne», commente-t-il. Cette célébration de la naissance du prophète Mouhamed (PSL) a d’ailleurs une origine dans le Coran et même dans l’Islam, si l’on en croit le PDG du Groupe Wal Fadjri. Une nouvelle donne qu’il attribue aux fondateurs des confréries, lesquels ont toujours célébré et fait célébrer le Maouloud, n’en déplaise à ceux qui y voient une pratique contraire à la démarche du prophète de l’Islam. «C’est une victoire pour l’Islam du Sénégal incarnée par les différentes confréries qui ont toujours célébré le Maouloud. L’Arabie Saoudite qui était hostile à cette pratique l’admet maintenant comme cela se fait à Tivaouane, à Kaolack, en Egypte, au Maroc, dans le continent asiatique et dans d’autres localités du Sénégal», confirme M. Niass.
Au Sénégal, la célébration du Gamou est synonyme de prêche pour un retour vers le droit chemin et aux enseignements de l’Islam. La situation actuelle qui prévaut dans le monde arabe est très attendue dans les messages qui seront délivrés par les autorités saoudiennes, à l’occasion. Il en est ainsi d’autant plus que le monde arabe est, de nos jours, secoué par l’insécurité et le terrorisme fait au nom de l’Islam. Et qui, sans doute, ternit l’image de cette religion dont le nom est tiré du mot paix. «Le discours sur l’Islam n’est pas circonstanciel, il est structurel. On doit toujours le rappeler. Le terrorisme est banni par l’Islam car tuer des innocents n’est pas une pratique admise par la religion musulmane. L’homme est né bon, mais c’est la nature qui corrompt. Le message de l’Islam c’est un retour aux valeurs (…)», conclut Sidy Lamine Niass qui clôt son speech par des prières à l’endroit de tout le peuple sénégalais.
Pape NDIAYE