«Avec 100 000 Francs CFA, tu rentres avec ton esclave». Comme des moutons destinés au sacrifice de la Tabaski, des hommes sont exposés et présentés à tout acquéreur disposant d’une bourse plus ou moins consistante.
Ce dernier peut avant de payer, tapoter, ouvrir la bouche, jauger le poids et l’état de santé de celui qui est mis en vente. Il n’est pas question d’histoire avec le commerce triangulaire, mais bien de l’actualité. Cela se passe en Libye.
A de nombreuses reprises, sur ces colonnes notamment, la sonnette d’alarme a été tirée et les gouvernants du monde invités à s’intéresser à ce qui se passe en Libye. En 2016, un émigré sénégalais basé en Espagne, avait déjà rendu compte de la façon inhumaine dont les migrants noirs étaient traités sur le territoire libyen. En détails, il expliquait que beaucoup d’entre eux étaient capturés et jetés dans des conteneurs utilisés comme cellule. Pourtant, ils ne faisaient que traverser la Libye, leur destination finale étant l’Europe. Ces désespérés ne faisant plus foi aux mensonges d’Etat des gouvernants de leurs pays qui chantent le développement qu’ils sont les seuls à ressentir sont capturés comme des animaux et mis en cage. Les supplices que leurs ravisseurs racistes les font subir semblent avoir tué tout esprit de résistance. Comme à la corrida, eux étant les taureaux sans corne ni même une capacité de prendre de l’élan, ils sont tués à petit feu. Face à cette mort atroce, tous ne veulent pas franchir le pas. Et leur vente comme esclave peut être perçue tel un signe de délivrance.
Exemple : https://www.youtube.com/watch?v=g7WWMQVmMbI
Tant que cette pratique d’un autre âge, d’une autre époque n’était connue que par quelques africains, les gouvernants du continent pouvaient continuer à faire comme si de rien n’était. Mais, quand la grande CNN publie une vidéo d’une vente de migrants aux enchères, mettant ainsi au parfum le monde entier, le couvercle de la fosse saute et laisse sortir une odeur si nauséabonde que les narines s’en retrouvent tartinées de piment.
Les éternuements des Africains, abasourdis par cette nouvelle désastreuse qu’on ne leur contait qu’en ouvrant les livres d’histoire, sont accentués par les vidéos que les ravisseurs eux-mêmes publient. Le font-ils pour décourager les autres ? Si la réponse est affirmative, alors ont-ils été payés pour cela ? Par qui à intérêt à ce que les migrants ne traversent pas la Libye ? Sinon, qu’est-ce qui explique cette mortelle méchanceté ? Le racisme seulement ne saurait suffire à saigner à mort un migrant noir. D’autant que les bourreaux tout comme les victimes sont tous Africains.
En attendant de trouver réponse à ces questions, celle qui parait plus qu’urgente à répondre c’est : quand est-ce qu’ils vont se bouger ? Les condamnations et autres convocations d’ambassadeurs ne sauraient suffire. Attendre et voir que ses propres concitoyens (le mot migrant ne sied plus) sont encagés et en train d’être torturés devrait pouvoir justifier toute action entreprise contre ces écervelés armés. Ce motif est beaucoup plus valable que celui qui a amené Nicolas Sarkozy à déclencher une guerre en Libye. L’Etat libyen étant allé à val l’eau, c’est aux pays dont les citoyens sont ainsi traités qui doivent prendre leur responsabilité. En se débarrassant de ces milices, ils aident en même temps un pays à se sécuriser. Car, cette situation, il ne faut guère s’attendre à ce que la décision d’y mettre un terme vienne d’un autre continent que l’Afrique. Déjà, dans certains pays, il se dit : «vous voyez, ils nous accusent tout le temps et pourtant c’est eux-mêmes qui se vendent ».
Mame Birame WATHIE