En proie à un violent incendie, vendredi dernier, le site du parc Lambaye de Pikine a reçu la visite de plusieurs leaders du pouvoir et de l’opposition, le week-end dernier.
Mais cette valse de politiciens a plutôt ressemblé à une opération de charme dans la douleur des commerçants et artisans.
Après l’incendie qui a rayé de la carte le parc Lambaye de Pikine, vendredi dernier, les politiciens multiplient les visites dans cet équipement marchand, réputé être un poids électoral non-négligeable. Au lendemain du sinistre, c’est la ruée des responsables politiques du pouvoir et de l’opposition sur le site, pour, disent-ils, «compatir à la douleur des commerçants et des artisans». La valse a commencé avec le ministre de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye. Sur place, il improvise une visite guidée en compagnie de ses services, dont la Direction de la protection civile (Dpc) et la Police. Une opportunité qu’il saisira pour annoncer une réunion d’urgence sur la question avec tous les acteurs concernés, dès ce mardi. «La Police va ouvrir une enquête pour déterminer les causes de l’incendie qui a enregistré d’importants dégâts matériels. Pour ceux qui sont installés sur les fils haute tension, on va les délocaliser puisque c’est un danger réel et il n’y a pas même pas à négocier», a fait comprendre Aly Ngouille Ndiaye. Dans son speech, il a mis en garde les commerçants : «Le marché est sur un titre foncier. Mais cela ne veut pas dire qu’on a un titre foncier que tout est permis. Il faut voir s’il y a autorisation de construire de marché. Si cela existe, il y aura une réorganisation. Si elle n’existe pas, nous allons prendre toutes les mesures pour réorganiser l’occupation de ce marché». Sur l’absence de bouches d’incendie n’ayant pas facilité le travail des sapeurs-pompiers, le ministre de l’Intérieur s’en désole, avant d’annoncer des mesures dans les plus brefs délais. «Nous avons constaté l’éloignement de bouches d’incendie et ça c’est anormal. Le maire de Dalifort avait lancé le marché avec la Sde, mais il y a du retard. Mais là aussi, le Gouverneur va prendre les mesures qui s’imposent pour la sécurité des personnes et des biens», a-t-il encore fait savoir.
Après Aly Ngouille Ndiaye, c’est le défilé des leaders de l’opposition, avec les députés du groupe parlementaire Liberté et démocratie, dirigés par le député libéral Madické Niang. Et c’est pour jeter des piques à la Direction de la protection civile (Dpc) qui, selon lui, a failli à sa mission régalienne de prévention des sinistres et des catastrophes. «La Direction de la protection civile n’a pas fait son travail. Si elle l’avait fait correctement, peut-être que ce genre de sinistre pourrait être évité», a dénoncé Madické Niang. Ce fut, par la suite, au tour de Pape Diop, leader de la Convergence démocratique Bokk Giss Giss (Cd/Bgg). Il n’a pas, lui aussi, manqué de compatir à la douleur des commerçants, tout en dénonçant le manque de considération de l’Etat envers le secteur informel. «L’Etat est responsable de cette catastrophe subie par ces Sénégalais. Il y en a beaucoup d’autres à travers le pays pour lesquelles, des mesures s’imposent», a-t-il déclaré. L’ex-maire de Dakar qui déplore l’occupation anarchique de la voie publique par des artisans demande à l’Etat de leur trouver des sites d’installation adéquats, d’un commun accord avec les collectivités locales.
Ce sera enfin le tour du maire de la ville de Pikine, Abdoulaye Thimbo. Après avoir regretté l’incendie qui a ravagé presque trois mille mètres carrés de places d’affaires, il a appelé les commerçants à la collaboration autour d’un dialogue franc. Ce, pour la restructuration du parc Lambaye. Selon lui, «l’inaccessibilité du site a rendu difficile l’intervention des sapeurs-pompiers lors cet incendie qui n’est pas nouveau. Il faut donc penser lors de la réunion convoquée mardi par le Gouverneur à discuter autour des problèmes du Pack pour y trouver des solutions consensuelles et durables». Construit en 1983, le parc Lambaye de Pikine a subi l’incendie le plus grave de son histoire. Et les victimes, qui n’avaient pas souscrit à des sociétés d’assurance, peinent toujours à chiffrer leurs pertes.
Théodore SEMEDO