Malgré son rang et son prestige, Touba est l’une des rares villes du pays encore ravitaillées pas des forages motorisés.
Malgré ses vingt six forages, la cité religieuse est toujours confrontée à un problème d’eau. Pour Abdou Samath, un habitant de Ndamatou, le problème de l’eau est à chercher ailleurs. «Tous les projets, depuis le khalifat de Serigne Saliou Mbacké, sont confrontés à des problèmes de mise en œuvre. Je peux citer celui des travaux de densification et d’extension du réseau d’eau potable de Touba. C’est un problème structurel mais également de gestion», explique ce mouride qui semble très au fait de la situation. De 130 000 habitants en 1977, ajoute-t-il, la population de Touba est estimée en 2013 à 753 mille 315 habitants. Et quelques trois millions de pèlerins viennent s’ajouter à ce nombre lors du grand Magal.
De plus, Touba est une ville en expansion avec une croissance démographique et spatiale fulgurante. «L’affaire de la conduite 315 pose encore le problème d’extension du réseau. En effet, cette conduite n’était pas prévue. On peut poser la conduite mais le raccordement ne peut se faire que dans 72 heures. Personne ne prendra ce risque de couper l’alimentation de quatre forages névralgiques. Aujourd’hui, les forages ont été séparés et les travaux d’extension du réseau de 45 km ont été effectués. Mais malgré tout, l’eau va manquer car la conduite 315 n’a pas été raccordée à celle de 2015», raconte un technicien en forage rencontré à la direction des forages.
Les quartiers périphériques semblent être les plus exposés. «Ici, il y a beaucoup de problèmes. Beaucoup d’interventions clandestines sont notées car il y a absence d’adduction d’eau dans ces quartiers. Le manque d’extension est une réalité dans la périphérie», note Ouma Samb, un habitant rencontré à Dianatou Mawa. Dans la périphérie, précisément dans les quartiers de Same et Madiyana, la situation est beaucoup plus alarmante. «Ils ont fait des réparations ces jours, mais c’est comme si la situation s’empire», indique Moussa Mbaye. Lequel paie de l’eau minérale dans les boutiques pour soulager sa famille.
L’agglomération de Touba compte 24 gros villages qui sont très loin du réseau ou très mal ravitailler. Ce sont ces 24 villages qui sont de manière chronique confrontés à ce problème d’eau. «Aujourd’hui, si l’eau ne coule pas dans la ville, cela est dû à la vétusté des infrastructures qui datent des années 60. Cela a un impact négatif sur le réseau. Tout récemment, le chargé de l’Environnement et de la Planification du comité d’organisation disait qu’un tiers de l’eau de Touba s’infiltrerait sous terre en raison de la vétusté des installations. Cela pose problème. Pourquoi ne pas régler une bonne fois pour toute ce problème», informe Mamadou Faye, du quartier que Gare gou ndaw. La vétusté du réseau et les problèmes d’extension de ce même réseau semblent être les alibis des autorités. Les populations ont été en fait préparées à cette réponse. Partout où nous sommes passés, comme un leitmotiv, elles répètent ce justificatif. «C’est l’unique explication qui nous est livrée, le déficit en eau est lié à un problème de vétusté», lance ce jeune de Ndamatou.
Walf Quotidien