Alors que l’Etat annonce avoir injecté 500 millions de francs Cfa dans l’approvisionnement de Touba en eau, l’absence du liquide précieux a gâté le Magal de nombreux pèlerins.
Les 130 camions citernes déployées et 80 bâches souples venues en appoint des 26 forages déjà fonctionnels n’ont pu rien réglé. Un énième dysfonctionnement qui a provoqué le courroux de dignitaires mourides. Lesquels demandent à l’Etat de ne pas politiser le problème de l’eau dans la cité religieuse mais plutôt d’en faire un problème structurel.
L’approvisionnement en eau potable de la cité religieuse de Touba est un véritable casse-tête pour les autorités. Malgré les promesses et assurances du gouvernement, la situation s’aggrave d’année en année. Ce, au grand dam des pèlerins qui souffrent le martyre. En effet, c’est à la veille de la célébration du départ en exil de Cheikh Ahmadou Bamba que l’eau a commencé à se faire rare. Mardi matin, les populations de Touba se sont réveillées sans eau. Tôt le matin, les robinets ont arrêté de couler. Et bonjour les problèmes. A la maison de la presse, au quartier Gare bou ndaw, les journalistes ont effectué le trajet Touba-Mbacké pour se procurer de quoi se débarbouiller. «Cela nous a coûté 6 000 francs en prix de taxi. Nous sommes arrivés tard dans la nuit et nous n’avions pas eu le temps de nous doucher. Et ce matin, il n’y avait plus d’eau», se désole un pisse-copie.
Un tour dans les quartiers de la ville de Bamba permet de constater le déficit chronique du liquide précieux. Souvent, il faut attendre tard dans la nuit pour que l’eau commence à couler. Les populations sont obligées de trouver de l’eau dans des bidons qu’elles doivent se partager. Il faut, pour cela, faire vite avant que la pression ne descende.
A Gouye Mbinde, c’est une scène de désolation qui nous attendait. Ici, les populations n’ont pas vu le liquide précieux depuis lundi dernier. «Nous l’attendons. Nous sommes obligés de prendre des charrettes pour nous ravitailler. La situation est difficile», clame Omar Cissé, à la tête d’un groupe de pèlerins venu de Thiaroye. Un peu plus loin, à Keury Niang, deux femmes, bidons à la main, ont fini de faire le tour du quartier. «Partout où nous sommes passées, c’est la même situation : il y a un manque criard d’eau dans la ville. Cette situation est intenable», lance l’une d’entre elles.
Hier, jour de Magal, la situation n’avait guère changé. Au contraire, elle s’est empirée avec l’affluence des pèlerins sous une chaleur épouvantable accompagnée de poussière. A Dianatou Mahwa, Darou Miname, Ndamatou, et Daroukahmane, il n’y avait aucune eau de consolation. Seaux à la main, les populations courent d’un lieu à un autre. Très souvent, elles rentrent bredouilles.
Les plus nantis sont ceux qui disposent de bassins et qui ont eu le temps de les remplir la nuit. «Nous devons notre salut aux bassins installés dans la maison. Beaucoup ont recours à ces ouvrages qui sont souvent privés pour se ravitailler. Le problème de l’eau est récurrent», soutient Samba Fall, habitant du quartier Ndamatou.
Walf Quotidien