Selon Babacar Ndoye, planificateur à l’Inspection d’académie de Tambacounda, «la région compte 399 abris provisoires». Pour les acteurs locaux de l’éducation, cette situation compromet le concept Oubi tey diang tey qui, pour eux, est une chimère à laquelle l’on continue de croire.
(Correspondance) – L’école sénégalaise ouvre ses portes lundi 9 octobre. Mais à Tambacounda, certains établissements ne sont pas encore praticables, pour la rentrée scolaire 2017-2018. Selon Babacar Ndoye, planificateur à l’Inspection d’académie, «la région de Tambacounda compte 399 abris provisoires». Cette situation est un problème général dans l’académie de Tambacounda. Rien qu’au lycée Diawara, on n’en compte pas moins de sept. Selon Khalifa Badji, proviseur dudit lycée, «le problème va au-delà du problème des abris provisoires». «Nous avons un lycée de près de 2 000 élèves sans professeurs de Philosophie. Nous n’avons qu’un seul professeur d’Education physique pour toutes ces classes et autant pour l’Espagnol», a-t-il laissé entendre. Pour lui, le concept initié par la Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’école publique (Cosydep), Ouby tey Diang tey, est une très bonne chose, mais il y a des préalables pour pouvoir le matérialiser. Des représentants de syndicats d’enseignants prennent ce slogan comme une utopie. Cela, dans la mesure où le personnel enseignant sera sur place à la rentrée des classes, mais les élèves tardent à venir, faute de moyens, bien que l’Etat a instruit les chefs d’établissement à recevoir les élèves, même s’ils ne sont pas inscrits. Du moins c’est l’avis de M. Fikou, secrétaire général régional du Saems/Cusems. «La plupart de nos élèves nous viennent des villages environnants et par conséquent, il faut que leurs parents vendent leurs productions agricoles pour payer des fournitures à leurs potaches», constate M. Fikou pour qui ce concept n’est réalisable que dans les communes de Tamba, Bakel et Koumpentoum.
La particularité, à Tambacounda, est que certains établissements de la commune ont été choisis pour la phase expérimentale du concept Oubi tey diang tey. «C’est un processus, un projet à long terme initié par la Cosydep. C’est pourquoi, ici dans l’académie de Tambacounda, nous avons misé sur la sensibilisation qui commence à porter ses fruits parce que nous sommes passés de dix à 40 écoles-cibles. D’ailleurs jusque-là, il y a toujours des écoles qui traînent le pas», constate Diène Seck, représentante régionale de la Cosydep. A Tambacounda, ce ne sont pas seulement les abris provisoires qui risquent de compromettre la rentrée scolaire 2017-2018. Le besoin en professeurs est une autre préoccupation des acteurs locaux de l’éducation. Selon M Fikou, la demande reste énorme parce que la région «enregistre beaucoup de départs par an». Un nombre jugé élevé par les Associations de parents d’élèves (Ape) et d’étudiants de la région. Mais également par les sections locales des syndicats d’enseignants.
Pour des acteurs de l’éducation, plusieurs facteurs exposent les élèves à l’échec certain : cette situation est liée à plusieurs facteurs, à savoir : la pluviométrie, le nombre élevé d’abris provisoires, les enfants qui constituent les principaux bras dans les travaux champêtres, la pauvreté qui sévit dans la localité, entre autres. C’est du moins, l’avis de la coordonnatrice régionale de la Cosydep. D’où son appel aux collectivités locales qui, pour elle, «doivent venir en aide aux écoles de leurs localités et leur faire des dons quand le besoin est là».
Mamadou Lamine TOURE