Hier, c’était la rentrée pour le personnel enseignant. La majorité d’entre eux ont répondu présents à l’appel. Mais, avec leurs revendications en bandoulière.
L’Etat du Sénégal est averti. Même si certains enseignants ont répondu présents à l’appel, hier, jour de leur rentrée, ils n’excluent pas de déserter les classes si le gouvernement ne respecte pas ses engagements. Au lycée Seydou Nourou Tall, le personnel administratif et certains enseignants sont sur place. Dans cet établissement de la capitale, les réfections de certains bâtiments se poursuivent toujours. Les ouvriers effectuent les travaux de finition. Au fond d’une classe, une machine mélange du sable et du ciment. A côté de la porte d’entrée de l’école, un ouvrier pose des carreaux sur le mur. Un peu plus loin, sur la route qui mène vers le rond-point de l’hôpital Fann, deux maçons, tenant chacun une petite planche, s’affairent au nivèlement.
A l’intérieur de l’établissement des tables cassées et des herbes désherbées sont entassées par ci et par là. En face des bureaux de l’administration, deux surveillants sont assis sur une table. Des élèves formant un petit groupe récupèrent leurs bulletins de second semestre. Dans une salle située à droite, l’Association des parents d’élèves du lycée tient une réunion. Retranchés à la Fastef (ex-Ecole normale supérieure) le Censeur et les enseignants font de même. «Nous sommes en train de faire l’évaluation de l’année dernière et de dégager des perspectives pour l’année qui suit. Mais aussi recevoir les emplois du temps, discuter entre collègues et maintenir la rigueur que nous avions toujours l’habitude d’avoir», détaille Mamadou Diouf, professeur de Mathématiques au lycée Seydou Nourou Tall, délégué par le censeur. «Beaucoup de collègues ont répondu présents. Ceux qui n’ont pas pu venir aussi ont envoyé des lettres de justification. (…) Si le gouvernement fait ce qu’il doit faire c’est-à-dire respecte ses engagements, les enseignants feront eux aussi leur devoir. C’est cela la vérité», indique M. Diouf qui sert dans cet établissement depuis 1996. Selon lui, pour qu’un pays se développe, il faut que l’Etat mette l’éducation au centre de ses préoccupations. «J’enseigne dans ce lycée depuis 1996. Nous commençons le travail le premier jour de la rentrée et faisons notre premier chapitre même si nous devons acheter de la craie», ajoute-t-il.
Autre lycée, même décor. A Blaise Diagne, devant le bâtiment de l’administration, quelques enseignants discutent tranquillement en groupe. Au premier étage, se trouve le bureau du censeur. Assise derrière le comptoir, son assistante distribue des emplois du temps à certains enseignants. Une note de service affichée sur la porte du bureau du censeur renseigne : «Assemblée générale de la rentrée, ce mercredi 4 octobre à 9 heures, à la salle World Link». Interpellé, un enseignant qui a requis l’anonymat soutient que beaucoup de ses collègues sont absents, même s’il dit ignorer le nombre exact. Selon lui, cela peut-être dû au retard noté dans la matérialisation des accords signés avec l’Etat du Sénégal. Lesquels, affirme-t-il, risquent de perturber le démarrage effectif des enseignements.
Au lycée mixe Maurice Delafosse, la cour est vide. C’est le calme plat au sein de l’établissement. Difficile de trouver l’ombre d’un enseignant dehors. «Ils sont en salle de réunion», souffle le vigile trouvé à la porte. Après quelques minutes d’attente, l’un d’eux sort de la salle. «Nous sommes venus honorer nos engagements. Nous attendons que l’Etat fasse pareil. Il y a des absents mais certains de nos collègues ont répondu présents. Nous sommes en réunion de coordination pour faire le point avant le démarrage des cours. Ce que nous demandons à l’Etat, c’est qu’il respecte ses engagements», glisse M. Faye, professeur de Français, avant de rejoindre ses camarades.
Mamadou Samba BARRY