Les mouvements anti-FCFA, au rang desquels Urgences Panafricanistes de Kémi Séba, Y’en a marre et Contre les APE de Guy Marius Sagna, ont encore battu le macadam ce samedi pour lutter contre le Franc CFA considéré comme monnaie coloniale et qui oblitère tous les efforts de développement des pays concernés.
Dans de nombreuses villes africaines comme Cotonou et Libreville, les activistes ont tenu à vulgariser les pensées des économistes qui sont contre cette monnaie et qui sont dans tous les pays.
C’est cependant curieux que, comme le souligne RFI, la manifestation soit autorisée à Dakar et interdite à Tambacounda et à Kaolack.
En tout état de cause, un billet a été avalé par un des manifestants qui, comme Kémi Séba, entre ainsi dans l’illégalité.
Leur combat a cependant le mérite de montrer que la société civile africaine n’est pas toujours en phase avec les politiques.
Car, des Présidents comme Alassane Ouattara de la Côte d’Ivoire et même Macky Sall du Sénégal, ne sont pas prêts à envisager une rupture de parité avec l’Euro.
Or, un économiste marocain nous disait que le volume des réserves financières à la Banque de de France est tel qu’il est possible que ce soit notre propre argent que l’on nous prête et que l’on doit rembourser.
Ce qui est également gênant et incompréhensible, c’est qu’entre le FCFA de l’Afrique centrale et celui de l’Afrique de l’Ouest, il n’y a pas de convertibilité.
C’est vrai que de par le passé, les exemples maliens et guinéens de Bissau n’ont pas été encourageants, mais il y a la Mauritanie, le Nigéria et bien d’autres pays qui détiennent leurs propres monnaies et qui s’en tirent assez bien.
Il faut cependant faire la part des choses. Dans cette croisade contre cette monnaie, il y a le volet politique et le volet technique.
Du point de vue politique, c’est-à-dire de la souveraineté de nos Etats qui nous est cher, il n’est pas acceptable que 14 pays africains voient leurs monnaies fabriquées ailleurs, dans le pays de l’ancien colonisateur dont on voit les sorties paternalistes de Chefs d’Etat comme Sarkozy ou Macron.
C’est alors une bataille de principe et de souveraineté. Malheureusement, cette croisade est menée par des associations dont la plupart ont une faible capacité de mobilisation. Le débat est certes posé et occupe les pensées, mais la société civile africaine vraiment représentative n’est pas encore montée au créneau.
L’autre volet du débat, c’est l’aspect technique. En fait, la monnaie ne saurait être supprimée immédiatement du jour au lendemain. Il faut un processus.
Car, nous pensons que ce qui pose problème, c’est moins le FCFA que sa parité rigide avec l’Euro et les réserves déposés obligatoirement et d’une manière continue à la Banque de France.
Il y a alors de batailles intermédiaires à mener afin que les choses ne restent pas à l’état. Il faut, de la part de la France, faire des concessions. C’est beaucoup de faire des leçons sur le retard historique de l’Afrique, mais ce continent est étranglé de cette manière, il va de soi qu’il a du mal à pourvoir à ses propres besoins. Or, à y regarder de près, cela n’arrange nullement le Nord.
Une Afrique à genou va alimenter l’immigration et fera même la lie du terrorisme.
Donc, il faudra que la France desserre l’étau surtout de Chefs d’Etats africains affidés prêts à montrer leur bonne volonté à servir la France.
En tout état de cause, cet activisme de ces jeunes responsables de mouvement a le mérite de montrer que les futures générations africaines ne sont pas prêtes à courber l’échine devant des puissances étrangères dont les dirigeants se sont en général fait le devoir de domestiquer les nôtres.
L’éveil des consciences, condition sine qua none de la prise en charge de nos préoccupations par nous-mêmesc a été amorcé de fort belle manière.
Rewmi quotidien