Le face-à-face organisé par Luc Nicolai dans le cadre de son combat qui doit mettre aux prises Balla Gaye 2 à Gris Bordeaux, n’a finalement pas vu les deux lutteurs s’adonner au rituel échange verbal.
Pour cause, las d’attendre son adversaire, Gris Bordeaux, qui est arrivé très en retard au rendez-vous, le frangin de Sa Thiès a boudé. Un phénomène devenu récurrent dans la lutte et qui peut faire perdre à cette discipline toute sa noblesse.
Aux Etats-Unis, ou ailleurs dans le monde, ce sont les shows d’avant combat qui vendent les affiches de boxe, de catch, ou autre sport de combat. Des occasions où les protagonistes en lice excitent les affidés à venir suivre leur duel. Parce que justement, par leur engagement et détermination dans le verbe, l’on pense avoir droit à un combat de rêve. Pour preuve, la dernière grande affiche de boxe, Mayweather-McGregor, a retenu l’attention des férus du noble art pendant près de deux mois. Justement à cause de leur show, où tout un chacun avait promis l’enfer à son vis-à-vis sans aucun dérapage, encore moins de violence verbale ou physique. Tout se passe dans le fair-play et la sportivité.
Au Sénégal, depuis près d’une dizaine d’années, voire plus, on cherche à copier ce qui se fait de mieux ailleurs sans aucun succès. Avant-hier, mardi, c’est le 3e Tigre de Fass, Gris Bordeaux qui s’est distingué par son manque de professionnalisme en se présentant deux heures de temps après son heure de rendez-vous. Conséquence : Lassé d’attendre un adversaire qui se faisait désirer, Balla Gaye 2 a préféré quitter les lieux pour rentrer à la maison. Autrement dit, ce face-à-face organisé par le promoteur Luc Nicolaï est ainsi tombé à l’eau. Une très mauvaise publicité pour son événement. Mauvaise publicité, elle l’est aussi pour la lutte, elle-même, qui est en train de perdre, chaque année, sa popularité auprès des annonceurs, voire des amateurs.
Pourtant, en plus de sa dimension sportive, la lutte intègre une dimension culturelle et folklorique (bakk) qui met en exergue toute la tradition sénégalaise. Par sa popularité, elle est devenue le sport N°1 au Sénégal. Celle d’avec frappe fait brasser des millions. D’où l’engagement et la détermination des jeunes à gagner leur vie par ce sport. Elle suscite ainsi un engouement populaire et draine un monde fou. Seulement, les face-à-face avortés d’avant combat la gangrènent. Et très sérieusement.
Au moment où les amateurs de lutte l’attendaient impatiemment, le face-à-face entre Balla Gaye 2 et Gris Bordeaux a été un fiasco. La déception était totale. Le promoteur du combat Luc Nicolaï ne décolère toujours pas. «Ce qui s’est passé est déplorable. En matière de lutte, ce sont des situations qui arrivent. Mais avec cette nouvelle donne que nous voulons développer, ce ne sera plus acceptable. Il faut que toutes les parties prennent leurs responsabilités. Je me désole de cette situation. La lutte doit prendre son envol et cela ne va pas de pair avec ce genre de comportement», s’offusque le promoteur de la Petite côte. «Quand on mise des centaines de millions sur une affaire, il faut que les concernés fassent preuve de respect, aussi bien pour le promoteur, les amateurs, les journalistes. Les lutteurs devaient être les premiers sur place, ils sont payés pour ça. Nous allons mettre en place des mécanismes pour faire respecter les contrats que nous signons», prévient-il.
Des errements qui produisent les mêmes effets
En posant le regard sur le rétroviseur, on se rappelle du premier face-à-face Yékini-Balla Gaye 2 qui devait se tenir à Thiès. L’ex-roi des arènes avait boudé le stade Lat Dior après avoir attendu 45 minutes son adversaire. Mieux, après cette première rencontre avortée à Thiès, celle qui a été reprogrammée dans un hôtel de la place, s’était aussi terminée en queue de poisson. Le camp de l’écurie Ndakaru et celui de l’Ecole de lutte Balla Gaye s’étaient livrés à une bagarre rangée, qui avait occasionné de graves blessures.
Lors du tournoi de la Tnt, le même scénario s’est produit. Alors qu’on s’attendait à un show verbal entre Gouy-Gui et Ama Baldé, la violence a finalement fait avorter le déroulement de la conférence de presse à la Place du Souvenir. Un fiasco qui avait provoqué l’arrestation de Ama Baldé. Quoi encore ? La chaîne est tout simplement très longue. Dans cette situation, comment vendre la lutte sénégalaise qui a perdu son lustre d’antan ?
(Walf Quotidien)