Les terrasses de plusieurs maisons dakaroises ont été transformées en bergeries. Chaque famille essaie d’élever un petit nombre de moutons pour échapper au diktat des éleveurs à la veille de la Tabaski. Mais, si elle règle les problèmes de certains, cette nouvelle donne contribue aussi à renchérir le prix de cet animal à sacrifier le jour de l’Eid el Kébir.
Echapper à la tyrannie du mouton. L’élevage à domicile commence à devenir un véritable business pour des Sénégalais qui souhaitent mettre fin au diktat des éleveurs à la veille de la Tabaski, fêtée chaque année. Ainsi, certains citoyens se sont convertis en éleveurs, pratiquant l’élevage dans leurs maisons. Le business devenu lucratif, ce nouveau type d’éleveur cherche désormais à grignoter des parts sur un marché peu fourni. C’est pourquoi, il investit énormément sur ces bêtes en espérant réaliser une bonne affaire à l’approche de la fête.
De nombreux Sénégalais ayant jetés leur dévolu sur les produits de cet élevage domestique, l’activité demande des grands investissements. Et, le prix du plus petit ruminant dépasse 150 mille francs Cfa. Toutefois, ces prix peuvent doubler ou même tripler, selon la période. Parmi les races les plus prisées, il y a celle dite «Ladoum» qui peut peser jusqu’à 150 kilogrammes. Et, elle demeure le plus cher. Un mouton de cette race s’échange entre 500 mille et 1 million de francs Cfa. Ceux qui n’ont pas les moyens de s’en payer se rabattent sur les races ordinaires.
S’activant dans l’élevage de mouton sur la terrasse de son domicile, Ndongo Fall soutient que cette activité lui évitera de subir le diktat des autres commerçants qui revendent cher le mouton de Tabaski. «Je suis dans cette activité depuis deux ans. Parce que, j’ai été confronté une fois à la hausse des prix du mouton. Depuis lors, j’ai investi dans l’activité. J’avoue que c’est rentable, parce qu’on arrive à satisfaire nos besoins en viande durant les fêtes et à vendre une partie des bêtes», a expliqué le nouveau businessman.
Les dernières statistiques révèlent qu’environ un tiers des moutons sont abattus à Dakar qui concentre près de 45 % de la population urbaine du pays alors que les systèmes de production sont quasi ou exclusivement ruraux. Mais, depuis quelques années, la donne a changé. «Les périodes de fête à Dakar sont un véritable calvaire. Nous avons toutes les difficultés du monde pour se procurer un mouton. Face à cela, beaucoup ont commencé à élever leur propre mouton. Cela évitera les mauvaises surprises. Les prix n’ont plus de limites. Donc, je préfère investir dans ce créneau», a confié Ismaïla Diallo.
Il faut souligner que les importations du Mali et de la Mauritanie couvrent en moyenne un tiers des approvisionnements de l’agglomération dakaroise. Environ 670 mille moutons sont sacrifiés chaque année, dont 230 mille dans la région de Dakar, soit un tiers des besoins du pays.
La flambée des prix des moutons élevés dans les maisons s’explique par le coût de leur entretien. Selon Amadou Guèye, l’élevage de ses moutons lui coûte environ plus de 600 mille francs Cfa par mois. En faisant de tels sacrifices, le propriétaire s’attend à un retour sur investissement. «L’élevage dans les maisons demande beaucoup de sacrifices financiers. Il faut acheter l’aliment de bétail qui coûte excessivement cher. Il faut aussi prendre soin des animaux ; ce qui implique d’autres dépenses. Après tout cela, il est difficile de vendre ces moutons à un prix bas», a confessé M. Ndiaye.
L’élevage dans les maisons est en passe de devenir un phénomène alors qu’il est formellement interdit par les lois du pays.
Walf Quotidien