Condamné à 15 ans de travaux forcés et pensionnaire de la chambre 12, Ali Bâ est mort au camp pénal de Liberté 6, dans la nuit d’avant-hier.
Agé de 50 ans, il n’avait pas fini de purger sa peine de 15 ans de travaux forcés. Pour l’heure, son décès annoncé par l’Association pour le soutien et la réinsertion des détenus (Asred) n’est pas encore confirmé par l’Administration pénitentiaire.
Un détenu répondant au nom de Ali Bâ a rendu l’âme au camp pénal de Liberté 6, dans la nuit du mercredi 23 au jeudi 24 août, aux environs de 5 heures du matin. C’est ce qu’informe l’Association pour le soutien et la réinsertion des détenus (ASRED), dans un communiqué publié hier. Selon les vérifications faites par Walf Quotidien, le défunt détenu a précédemment été incarcéré à la Maison d’arrêt de Rebeuss après son arrestation. C’est au terme de son procès qu’il a été transféré au Camp pénal, après sa condamnation à 15 ans de travaux forcés, par la Cour d’assises de Dakar (devenue Chambre criminelle). Alors qu’il attendait son procès en appel, il n’avait purgé que sept ans de sa peine. Pour l’heure, son décès n’est pas encore confirmé par l’Administration pénitentiaire, contactée en vain par nos soins, hier.
Selon des témoignages de ses codétenus recueillis par l’ASRED, le défunt souffrait d’asthme et «est décédé des suites d’une négligence volontaire des gardes pénitentiaires». Les détenus avec qui il partageait la chambre 12 informent que lorsqu’il a piqué une crise, il a été acheminé une première fois à l’infirmerie de la prison pour y recevoir des soins. Revenu dans sa chambre après avoir bu quelques médicaments, il a piqué une seconde crise. Moment choisi par ses codétenus de chambre pour alerter les hommes de tenue en frappant à la porte, comme il est de coutume dans le milieu carcéral, pour appeler au secours. Et là, les pénitenciers ont refusé de se déplacer une seconde fois. C’est ainsi qu’il est décédé devant ses compagnons d’infortune en se tordant de douleur. Agé de 50 ans, le défunt Aly Bâ, originaire de Mbour fut le père d’une étudiante. L’Asred exige «l’ouverture immédiate d’une enquête», afin d’élucider les circonstances de cet autre cas de mort d’homme en milieu carcéral, devenu récurrent ces dernières années.
L’Asred accuse
Cette mort tragique n’a pas été sans conséquences car ayant suscité la grogne des pensionnaires de cet établissement pénitentiaire. «La tension est montée d’un cran au camp pénal de Liberté 6 car les détenus étaient privés de téléphone, durant toute la journée du jeudi 24 août 2017. Ces derniers lancent un appel solennel à leurs familles et les incitent à venir massivement manifester devant les locaux du ministère de la Justice, le mardi 29 août. Les détenus meurent comme des rats et cette situation est impardonnable», informe le communiqué de l’association Asred. Plus que jamais déterminés à mener le combat pour le bien-être des personnes en conflit avec la loi, Ibrahima Sall et ses collaborateurs annoncent une marche, devant le palais de la République, pour «libérer Dame justice des entrailles de l’Exécutif», faisant ainsi allusion au manque d’indépendance dans le secteur de la Justice.
Celui-ci reste marqué par ce que les magistrats appellent les «immixtions intempestives du pouvoir exécutif dans le fonctionnement de l’appareil judiciaire». L’Asred fait savoir, par ailleurs, «les détenus du camp pénal invitent leurs familles à boycotter les visites du mardi 29 août 2017 et les demandent à aller tous à la manifestion qui se tiendra le même jour devant les locaux du ministère de la Justice». «Ces derniers projettent d’entamer une grève de la faim le même jour. Ils réclament la présence du ministre de la Justice dans les plus brefs délais avant que l’irréparable ne se produise», a également fait remarquer l’Asred. Qui, au final, exhorte les autorités étatiques à prendre la situation carcérale au sérieux, au regard des «choses gravissimes restées toujours impunies» qui y ont libre cours.
Selon le dernier rapport de la Direction de l’Administration pénitentiaire (Dap), 50 détenus ont perdu la vie dans les prisons, en 2014. Les années suivantes n’ont pas été en reste puisque d’autres cas ont été relevés, dans plusieurs établissements pénitentiaires du pays, dont le dernier est celui de Ibrahima Mbow Fall, décédé lors de la sanglante mutinerie de Rebeuss, le 20 septembre 2016.
Walf Quotidien