CHRONIQUE DE SIDI
Avant de se lancer à la conquête de l’Arabie et du monde, l’Islam devait bien s’implanter à Yathrib (Médine). Pour l’y enraciner solidement, le Prophète Mouhamed (PSL) avait opté pour l’union des cœurs. Avec l’Islam, une nouvelle fraternité voyait le jour. Les musulmans formaient une communauté dont les membres étaient des frères et sœurs dans la foi. Le sang n’était plus le seul lien. La tribu, la descendance ou l’ascendance ne prenaient pas davantage d’importance que l’appartenance à la communauté musulmane. La classification des musulmans en muhâjirûn (ceux venus de La Mecque) et ansâr (habitants autochtones), disparut progressivement du langage courant. Les Médinois, convertis ou pas, cultivaient le respect mutuel. Les musulmans formaient une communauté fondée sur la fraternité et l’égalité. Le Prophète Mouhamed (PSL) ne se contentait pas de faire des prêches pour inciter les fidèles à cultiver ces valeurs. Dans le chapitre précédent, nous avons vu comment Bilal Ibn Rabah, le noir, ancien esclave, fils d’esclaves, fut consacré premier muezzin de l’Islam. Ainsi, le geste corroborant la parole, de puissants liens unirent les membres de cette première communauté musulmane.
Pourtant, les recommandations du Seigneur ne s’arrêtaient pas à ces importantes et indispensables considérations pour la cimentation des liens entre membres d’une même confrérie. A cette première communauté musulmane, le Tout-Puissant avait chargé une importante mission qui nécessitait une préparation à tous les niveaux, notamment vaincre les envies, les passions et autres besoins naturels. C’est ainsi qu’Il exhorta au jeûne. Un mois d’abstinence durant lequel, le Seigneur jauge le fidèle, soupèse sa foi. Il ne lui est pas seulement demandé de ne pas manger, de ne pas boire, etc. C’est un comportement. Le musulman, observant le jeûne, ne peut se fonder sur la faim ou la soif pour ne pas s’acquitter de ses devoirs. Comme ne pas travailler ou passer la journée à dormir. C’est pourquoi, le Seigneur, le Miséricordieux, décida de dispenser du jeûne les personnes qui ne sont pas en mesure physiquement de l’observer. Tout comme Il permit aux voyageurs et autres exemptés de pouvoir remettre leurs jours de jeûne en un moment en dehors du mois. «Pendant un nombre déterminé de jours. Quiconque d’entre vous est malade ou en voyage, devra jeûner un nombre égal d’autres jours. Mais pour ceux qui ne pourraient le supporter qu’ (avec grande difficulté), il y a une compensation: nourrir un pauvre. Et si quelqu’un fait plus de son propre gré, c’est pour lui; mais il est mieux pour vous de jeûner; si vous saviez! » (Sourate 2 – verset 184). Et comme pour sacraliser le Ramadan, le Seigneur voulut que son observation coïncida avec le mois où le Saint-Coran a été descendu sur terre et transmis au Messager pour sa divulgation. Une consécration qui fait de ce mois, non pas un moment de supplice mais, une période de grande bénédiction. Armé de la foi, le musulman qui jeûne dompte ses instincts tout en se rapprochant de Dieu. « (Ces jours sont) le mois de Ramadān au cours duquel le Coran a été descendu comme guide pour les gens, et preuves claires de la bonne direction et du discernement. Donc, quiconque d’entre vous est présent en ce mois, qu’il jeûne! Et quiconque est malade ou en voyage, alors qu’il jeûne un nombre égal d’autres jours. – Allah veut pour vous la facilité, Il ne veut pas la difficulté pour vous, afin que vous en complétiez le nombre et que vous proclamiez la grandeur d’Allah pour vous avoir guidés, et afin que vous soyez reconnaissants! » (Sourate 2 – verset 185)
Après le jeûne, le Seigneur, par le biais du Prophète Mouhamed (PSL), exhorta les musulmans à faire la Zakat. Une façon d’instituer la solidarité. Les membres d’une même communauté doivent s’entre-aider. Ainsi, les musulmans, qui considèrent que tout ce qui existe sur terre comme la propriété du Seigneur, prélèvent, chacun, en fonction de ce qu’il gagne, une part destinée aux pauvres et à la gouvernance de la cité. Selon des règles clairement définies, chaque musulman participe à la prise en charge de toute la communauté.
A lire chaque vendredi
Par Sidi Lamine NIASS
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